Santé

Belle-mère, beau-père : comment trouver sa place dans les réunions de famille

Quand inviter son nouveau conjoint à Noël ? Va-t-on passer tout le repas de famille à évoquer l’ex de sa compagne ? Faut-il offrir un cadeau aux enfants de son nouveau partenaire aux anniversaires ? Pour beaucoup de parents en famille recomposée, les réunions familiales, à rebours des schémas traditionnels, riment avec interrogations, stress et appréhension.

« Ce sont des moments clés, les rituels familiaux sont marqués par un certain nombre de règles et favorisent le mythe d’une famille unie, où tout se passe bien », éclaire auprès de ELLE Ivy Daure, psychologue clinicienne et autrice de « Belle-mère, beau-père, trouver sa place » (éditions ESF Sciences humaines).

« Pour les familles recomposées, c’est encore plus délicat parce qu’il y a plusieurs familles à mettre d’accord. Il y a une question de temps, de place, d’ordre dans les réunions. C’est la multiplication des personnes, la multiplication des rendez-vous. Cela favorise le stress. Beaucoup d’étapes sont délicates », poursuit la psychologue. Près de la moitié des parents en famille recomposée appréhendent notamment les fêtes de Noël. Dans son cabinet, la psychologue observe déjà leur préoccupation à quelques jours des fêtes de fin d’année. « Depuis plusieurs semaines déjà, les gens en parlent. Ça les met en tension », constate-t-elle.

Réussir à s’organiser

La question de l’organisation est l’une des plus évoquées. « Dans les familles où il y a du conflit, c’est un pouvoir très important d’avoir le choix pour la date de Noël par exemple », illustre-t-elle. « Quand on s’attache à ça, on se bloque et on perd de vue l’envie d’être ensemble et de partager », appuie-t-elle.

Les conflits entre parents séparés ont notamment des conséquences sur les enfants. « Les enfants, les adolescents vivent vraiment cela comme une contrainte. Beaucoup se demandent comment ils vont s’organiser ou se préoccupent de la relation de leurs parents », souligne-t-elle.

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Plutôt que de chercher à obtenir à tout prix la date d’une fête d’anniversaire, la psychologue conseille aux parents séparés de « convoquer de la souplesse » pour réduire le stress de l’organisation. « Il faut se demander ce qui est fondamental : partager un moment, signifier à ce moment-là de l’année qu’on s’aime », rappelle Ivy Daure. « Il faut aussi dialoguer, essayer de savoir comment les choses vont se dérouler et parler de ce qui nous inquiète », ajoute-t-elle.

Des fêtes chargées en émotion où éviter de présenter son nouveau compagnon

Pour la psychologue, les réunions familiales sont notamment révélatrices « de l’état dans lequel se trouvent les relations, de comment on circule dans nos différentes familles ». Les anniversaires, les fêtes des pères ou des mères ou les célébrations de fin d’année viennent alors questionner la place des belles-mères et des beaux-pères dans les familles. « Par exemple, la place que les parents du conjoint vont accorder à cette nouvelle personne va être souvent en lien avec la place accordée par le conjoint, par les enfants à celle-ci », glisse la spécialiste.

Pour réussir à trouver cette place, Ivy Daure conseille aux nouveaux partenaires qui ont été invités à ces réunions de famille de s’y rendre. « C’est une bonne manière de prendre sa place. Si on reste en retrait, c’est comme si on ne se sentait pas légitime d’être à cette place », appuie-t-elle. « En revanche, on peut ne pas prolonger le temps qu’on va passer, on peut ne pas rester très longtemps si on n’est pas très à l’aise ou si on a peur d’être malmené », complète-t-elle.

À l’inverse, il est déconseillé de présenter son nouveau partenaire à l’une de ces fêtes pour ne pas confondre ce moment avec un autre événement. « Ce sont des fêtes qui peuvent être très chargées émotionnellement. Il y a beaucoup d’affects qui se mélangent », explique-t-elle. « Pour les présentations, l’idée c’est de soigner au mieux possible la rencontre, d’avoir du temps pour se connaître et de ne pas être pris dans l’un de ces tourbillons où l’on passe des heures à table en famille », rappelle-t-elle.

Nouveau départ

Les réunions de famille peuvent aussi laisser entrevoir les différences éducatives dans les couples de familles recomposées. « La question des cadeaux est intéressante. Tout le monde n’a pas les mêmes règles, c’est une question familiale. Ces différences éducatives dans un nouveau couple peuvent apparaître à ce moment-là et être source de conflit », complète la psychologue, qui appelle à respecter les rituels de chacun. « Quand on est invité, on fait en fonction de ce que les personnes nous proposent », estime-t-elle.

Malgré ces difficultés, Ivy Daure souligne la nécessité de ces rituels familiaux. « C’est bien de les maintenir, il faut seulement les adapter, met-elle en avant. Les fêtes de fin d’année, notamment, peuvent être l’occasion d’ouvrir l’année qui suit sur une nouvelle donne émotionnelle et affective, moins conflictuelle. »

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