Thérapie de couple : David (41 ans) et Christelle (43 ans), « La sexualité avait disparu de notre vie »
David a d’abord traversé une grande période de stress à son travail : « Au départ, ça allait très bien. On avait envie tout le temps. On avait à peu près la même libido. Personne n’était frustré. Et puis, j’ai pris des responsabilités au travail et je me suis retrouvé à faire beaucoup d’heures. Le matin, j’étais tellement stressé que je ne pouvais rien boire ni manger avant d’arriver au bureau. Le soir, j’étais rincé. J’allais courir une heure juste après être arrivé à la maison, je prenais une douche, je mangeais un truc et j’allais me coucher.
« Je n’étais pas capable de faire vraiment attention à elle »
Il y a eu une phase comme ça où je n’avais plus de vie. Évidemment, ça a eu des conséquences sur notre couple. Christelle était patiente. Elle faisait sa vie à part. Elle était toujours disponible quand moi je l’étais. Mais on arrivait juste à se parler un peu. Je la prenais dans mes bras et c’est tout. On dormait ensemble toutes les nuits aussi, mais c’était comme si ce n’était pas le cas. Dans mes pires phases zombie, je n’étais pas capable de faire vraiment attention à elle de manière régulière.
Ça a duré environ deux ans et ça s’est calmé. Et puis après, c’est Christelle qui a enchaîné. Elle a eu des problèmes de santé et elle ne supportait plus son corps. Elle ne voulait plus que je puisse la voir ou la toucher. Là, ça a duré bien cinq ans. Et après, on ne savait plus faire. Ça a fini par nous rendre triste, et même à nous faire nous questionner sur la pérennité de notre couple. On a décidé de voir une spécialiste avant de décider se quitter. »
« J’avais très peur qu’il me regarde avec désir »
Christelle voit ces heures de thérapie comme une forme de rééducation : « Il a fallu qu’on réapprenne à se parler et à se toucher. En fait, moins on le fait et moins c’est naturel. J’avais très peur qu’il me regarde avec désir parce que je ne savais pas quoi faire de ce désir. J’étais stressée à l’idée que ça se débloque. Et le stress bloquait mon désir à moi. Vraiment, je pense qu’on ne pouvait pas s’en sortir seuls.
La thérapie a donc commencé avec des heures à parler, à faire le point sur ce qu’on avait traversé, sur comment on se sentait au présent. On avait beau être capable de faire le constat que la sexualité avait disparu de notre vie, on n’était pas capable de parler un peu plus profondément du sujet. Je n’osais pas dire que ça me stressait par exemple, j’avais peur de faire du mal à David. C’est hyper violent à dire à quelqu’un. La présence de la psy m’a permis d’exprimer ça. Et, en fait, une fois que c’était dit, je me suis rendu compte que ce n’était pas si grave, pas si important. »
« Ce sont nos habitudes qui étaient le problème »
Il a fallu ensuite passer à la pratique : « On avait des exercices à faire à la maison. La thérapeute a bien été claire sur le fait qu’il n’y avait pas de réelle pression. Mais avec David on a tous les deux un côté « bons élèves » donc ça nous a motivés. Les premières fois, je me sentais ridicule. C’est bizarre de se remettre à séduire quelqu’un, à jouer à draguer, à dire des trucs un peu ambigus, à avoir des gestes qu’on n’a pas l’habitude de faire.
Au début, c’était donc un peu ridicule et un peu artificiel. On avait pour consigne d’essayer d’avoir du contact physique. Et après des années à faire notre trou à chaque côté du canapé, ça n’a pas été facile. On avait nos habitudes. Ce sont ces habitudes qui étaient le problème, principalement. Parce qu’on faisait les choses en fonction de ces habitudes et de nos plannings et qu’on se croisait beaucoup, parce que c’était plus pratique comme ça.
Pour se retrouver physiquement, il a fallu sortir de la routine, du pratique. Il a fallu se mettre à penser à aller chercher un bisou sur le trajet entre le canapé et la cuisine. À rester un peu nue alors que je pouvais mettre un t-shirt. À dire quand on trouve l’autre beau alors qu’on traite ça comme une évidence d’habitude. Les mots, ça a été le plus facile finalement.
« On a retrouvé notre intimité »
La phase la plus dure pour moi ça a été les bisous. On ne s’embrassait quasiment plus ou juste un petit « smack » de temps en temps. La thérapeute nous a demandé de prendre le temps, de voir ce qui se passait. Les deux ou trois premières fois, on restait juste quelques secondes, lèvres contre lèvres, je me sentais ridicule et découragée. Ces fois-là, j’ai pensé qu’on n’y arriverait pas.
Et puis, comme le reste, ça s’est débloqué. Et c’est ce déblocage qui en a entraîné d’autres. En s’embrassant vraiment, avec la langue et tout, on a fini par se donner envie de plus. Au départ, on s’arrêtait tout le temps pour demander à l’autre s’il aimait ça ou s’il était d’accord, et puis de fil en aiguille, ça s’est arrêté aussi.
Ça fait un an et on a retrouvé une intimité. On ne fait pas que ça, mais il y a une phase où c’était souvent. Comme si on avait du temps à rattraper. Maintenant c’est régulier sans prendre une trop grande place dans le quotidien, c’est quand on a envie. C’est parfait comme ça. On n’a plus jamais reparlé de se quitter. »