Comment se déroule la première séance chez le psychologue ?
Vous avez trouvé votre psychologue et pris votre premier rendez-vous. Un moment important dans votre thérapie qui peut être déroutant.
Le premier rendez-vous chez le psychologue est sûrement l’une des étapes les plus difficiles lorsque l’on démarre un suivi thérapeutique. Que va-t-on me poser comme questions ? Dois-je vraiment raconter ma vie ? Autant d’interrogations qui peuvent susciter de l’appréhension. On a demandé à des psychologues de nous raconter comment cela se passe.
Une séance d’évaluation… pour tout le monde
La première séance chez une psychologue, bien qu’elle soit souvent appelée « séance d’évaluation », ne correspond pas à une évaluation diagnostique comme chez le médecin. Le ou la psychologue ne va pas chercher immédiatement à poser un diagnostic clinique sur les difficultés qu’éprouve le patient. « Je ne suis pas immédiatement dans une démarche thérapeutique, dans le sens où je ne me dis pas « Quels sont ses symptômes ? Qu’est-ce que je vais pouvoir lui proposer ? », explique Nathalie Anton, psychologue clinicienne à Paris. Mais je vais évaluer les capacités du patient à s’engager dans une démarche de soin, en me demandant si je suis la bonne personne pour débuter un suivi avec ce patient ou si les conditions sont réunies pour que la personne démarre un suivi. »
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Même son de cloche chez Gladys Mondière, psychologue et présidente de la Fédération française des psychologues et de la psychologie. « La personne ne sait pas toujours comment se déroule une séance et ce qu’elle en attend. Le psychologue pose alors le cadre : il se présente, présente son cadre théorique et comment il travaille en pratique. » À la fin de la séance, elle laisse également un temps de réflexion pour savoir si les patients veulent poser un second rendez-vous ou non. Si le patient souhaite démarrer la thérapie, elle fixe avec lui la régularité des consultations, l’informe du tarif et des modalités de paiement.
Ce premier rendez-vous est aussi l’occasion de s’assurer que la personne est au bon endroit. « Si quelqu’un se trouve dans une souffrance psychiatrique, je vais lui conseiller d’aller voir un psychiatre qui pourra éventuellement lui proposer une solution médicamenteuse, ajoute Nathalie Anton. Sur d’autres thématiques, par exemple pour des troubles du sommeil, j’orienterai peut-être vers un médecin. »
La première séance dépend de l’orientation du psychologue
Le déroulé de cette première séance dépend aussi du cadre théorique dans lequel s’inscrit le psychologue que vous allez voir. Par exemple, un psychologue d’orientation cognitivo-comportemental évaluera le problème et pourra développer un protocole de soins avec un nombre de séances précis. Ce sont généralement des thérapies brèves, orientées vers une problématique précise.
Un psychologue d’orientation psychanalytique n’aura pas cette démarche, car il engage son patient dans une réflexion qui prend du temps. Et ce sera encore différent pour une thérapie de groupe, une thérapie conjugale ou encore une thérapie familiale.
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Donner de l’espace à la parole
Lors du premier rendez-vous, il est important de laisser l’espace nécessaire au patient pour qu’il s’exprime. « Pour certains patients, nous sommes face à un flot de paroles ininterrompu, ajoute Gladys Mondière. Dans ces cas, au bout de 45 minutes, je fais une synthèse de ce que la personne a apporté lors du premier échange. Mais je la laisse toujours s’exprimer. »
À l’inverse, si la personne est mal à l’aise, la psychologue se qualifie de « psy qui parle ». « Je sais laisser un silence quand c’est important, mais pas tellement au premier rendez-vous. Je leur dis que je leur vais poser des questions auxquelles ils sont libres de répondre ou non. »
Il n’y a pas de grille précise
Chaque patient est unique et amène avec lui son histoire et son comportement. « En tant que thérapeute, toute notre attention est fixée sur le patient, explique Nathalie Anton. On voit s’il rougit, si les larmes lui montent aux yeux, s’il garde son blouson en arrivant ou s’il l’enlève, etc. On est à l’écoute de la parole, mais aussi de la communication non verbale. »
Si la personne est extrêmement mal à l’aise, les psychologues orienteront le patient avec des questions, sans pour autant rentrer directement dans le vif du sujet. « Ce serait complètement déconnecté par rapport à une personne qui a justement besoin qu’on prenne en compte sa singularité. »
Toutefois, un outil existe pour comprendre l’histoire du patient : l’anamnèse. Ce sont des grilles d’informations utilisées à l’hôpital ou dans les institutions au sein desquelles les antécédents sont nécessaires au suivi. Elles sont des repères qui aident à revenir progressivement sur l’histoire du patient. « Mais aucun psychologue ne sort avec ces grilles toutes faites et les lit les unes après les autres, assure Nathalie Anton. On utilise nos connaissances au profit de la rencontre. »