Economie

Le Maroc redéfinit ses ambitions autour des minerais critiques

Le Royaume entame une refonte de sa stratégie minière, articulée autour d’un nouveau cadre juridique, de la valorisation des minerais critiques et d’un recentrage sur le développement territorial. Objectif : réduire sa dépendance extérieure, sécuriser ses chaînes de valeur et faire des ressources du sous-sol un levier de souveraineté économique durable.

Dans un monde de plus en plus dépendant des minerais critiques pour assurer sa transition énergétique, le Maroc a choisi de ne plus se limiter au rôle de simple fournisseur de matières premières. À travers une réforme de son code minier, le Royaume entend transformer son sous-sol en véritable levier de souveraineté économique, de développement territorial et de création d’emplois durables.

En effet, le cœur de cette nouvelle dynamique, portée par le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable sous la houlette de Mme Leila Benali, repose sur un avant-projet de loi (n°72.24) en cours d’examen au Secrétariat général du gouvernement, qui vient modifier et compléter la loi n°33.13 sur les mines. L’une des principales nouveautés est la reconnaissance officielle des minerais stratégiques et critiques, actualisés périodiquement par un comité national placé sous la tutelle ministérielle. De même, ces ressources (cobalt, cuivre, phosphate, lithium ou encore graphite) sont devenues essentielles dans l’industrie des batteries et les technologies bas carbone. Selon des informations relayées par les médias, en 2022, le Maroc a ainsi produit 2.300 tonnes de cobalt.

Selon la même source, cette réforme introduit également une autorisation minière, dédiée à la valorisation, au traitement et à la commercialisation des substances minérales, même sans permis de recherche ou d’exploitation préalable. Il s’agit, en fait, d’accélérer les investissements et de simplifier les parcours administratifs afin d’attirer les opérateurs, nationaux et internationaux, dans un climat juridique plus lisible et incitatif.

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Un nouveau visage pour le secteur

D’un autre côté, la digitalisation s’impose comme un levier central de la réforme. Un registre foncier minier national connecté à un système d’information géographique sera mis en place pour centraliser les titres miniers, les données géoscientifiques, et automatiser vingt procédures administratives, dont l’octroi de licences. Ce registre permettra également de visualiser en ligne les titres en cours et les relances automatiques.

En outre, cette refonte législative s’accompagne d’une volonté affirmée de corriger les déséquilibres territoriaux. Selon les médias, le gouvernement a engagé la réattribution de 277 permis miniers (dont 264 de recherche et 13 d’exploitation) à 78 entreprises, principalement marocaines. Ces opérateurs se sont engagés à investir près de 2 milliards de dirhams et à générer 6.000 emplois directs, selon la même source. Les provinces comme Jerada, longtemps marginalisées, font l’objet d’une attention particulière avec des plans spécifiques visant à transformer les défis sociaux et environnementaux en opportunités durables.

De surcroît, dans le Haut Atlas oriental, 179 lots miniers couvrant plus de 2.195 km² seront mis à disposition. À Tafilalet-Maïder, ce sont 149 lots sur 1.100 km² qui feront l’objet d’un appel à projets. Ces opérations seront accompagnées d’ateliers de sensibilisation pour impliquer les acteurs locaux, comme l’indique un communiqué officiel du ministère, relayé par la presse.

Le volet social de cette stratégie n’est pas en reste. La priorité est donnée à l’emploi local, avec la création d’un statut professionnel dédié aux mineurs, intégrant les travailleurs de l’informel et prévoyant des perspectives de carrière à long terme. Des programmes de formation continue seront mis en place, afin de garantir une main-d’œuvre qualifiée et adaptée aux exigences techniques du secteur.

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