Economie

HD Hyundai veut construire un chantier naval géant à Casablanca

Une annonce discrète, mais au potentiel transformateur majeur, secoue les cercles industriels marocains : le géant sud-coréen HD Hyundai Heavy Industries, premier constructeur naval mondial, vise une concession de 30 ans pour exploiter le futur chantier naval de Casablanca, le plus grand jamais conçu sur le continent africain.

Si le projet aboutit, il pourrait marquer un tournant stratégique pour l’économie maritime nationale et repositionner le Maroc comme un acteur naval de premier plan sur la façade atlantique.

Une ambition marocaine : devenir un hub naval africain

Le Maroc, qui ne dispose actuellement que d’une flotte marchande symbolique (16 navires), s’est fixé un objectif ambitieux dans son plan logistique national : atteindre les 100 navires d’ici 2040. Pour cela, le pays ne peut se contenter de la commande extérieure. Il doit investir dans ses propres capacités industrielles, et Casablanca est appelée à jouer un rôle moteur dans cette stratégie.

Lancé en avril, un appel d’offres international a été ouvert par l’Agence Nationale des Ports pour la concession d’un méga-chantier naval : 210 000 m², un bassin à sec de 244 mètres, des quais industriels de 820 mètres et une capacité de levage de 9 000 tonnes. Ce chantier, moderne, modulaire et ouvert à la construction comme à la réparation navale, vise autant les armateurs marocains que les flux internationaux.

HD Hyundai Heavy Industries entre en scène

C’est dans ce contexte qu’HD Hyundai, mastodonte sud-coréen du secteur, a fait connaître son intérêt pour cette concession stratégique. L’entreprise n’en est pas à sa première expansion : déjà implantée au Vietnam, aux Philippines et bientôt en Inde, elle cherche aujourd’hui à désengorger ses lignes de production en Corée, où son carnet de commandes atteint des niveaux records de plus de 450 navires en attente, représentant 2,5 ans de travail.

LIRE AUSSI : Bourse de Casablanca : Top des actions les plus performantes en juillet 2025

Le Maroc offre à Hyundai une base en eau profonde, un environnement géopolitique stable, un coût compétitif de la main-d’œuvre et un accès logistique à l’Europe, à l’Afrique de l’Ouest et aux Amériques. Casablanca pourrait ainsi devenir une tête de pont industrielle pour répondre aux appels d’offres internationaux, tout en contribuant à la montée en puissance de l’industrie navale marocaine.

Gagnant-gagnant : transfert technologique et souveraineté industrielle

Pour le Maroc, un partenariat avec HD Hyundai ne se limite pas à la concession d’un terrain. Il s’agit aussi d’une opportunité de transfert de compétences, de formation de techniciens spécialisés, et d’intégration progressive de chaînes d’approvisionnement locales. En somme, une montée en gamme industrielle sur un segment stratégique jusque-là marginalisé.

Ce chantier offrirait aussi un levier pour renforcer la souveraineté logistique du Royaume, notamment dans le transport maritime de vrac, de produits énergétiques ou de conteneurs. Aujourd’hui encore, une grande partie du commerce extérieur marocain est assurée par des pavillons étrangers.

Une compétition mondiale, une décision stratégique

Le Maroc n’est pas seul à convoiter HD Hyundai et inversement. D’autres groupes, comme Naval Group (France) ou Navantia (Espagne), pourraient aussi se positionner sur l’appel d’offres marocain. Le dossier est toujours en cours d’examen, et la concession ne sera attribuée qu’en décembre 2025.

Mais au-delà du choix industriel, c’est bien une vision stratégique à long terme que porte ce projet. Un pari sur une économie bleue plus intégrée, plus compétitive, et capable de générer de la valeur localement, à l’heure où les chaînes logistiques mondiales se recomposent.

Un nouveau souffle pour Casablanca

Longtemps connue pour ses terminaux conteneurs et ses fonctions administratives, la zone portuaire de Casablanca pourrait ainsi connaître une deuxième vie industrielle, à haute valeur ajoutée. Si le projet se concrétise, il s’agira non seulement du plus grand chantier naval d’Afrique, mais aussi d’un symbole fort d’un Maroc industriel tourné vers la mer et vers le monde.

Le verdict est attendu dans quelques mois. Mais l’ancre, elle, semble déjà prête à être jetée.

Continuer la lecture

Bouton retour en haut de la page