Economie

la coentreprise Al Mada–CNGR obtient un financement syndiqué vert international

La coentreprise formée entre le holding marocain Al Mada et le groupe chinois CNGR Advanced Material, spécialisé dans les matériaux pour batteries, a décroché un financement syndiqué vert international, selon la presse économique.

La transition énergétique mondiale impose aux États une redéfinition de leurs priorités industrielles et financières. Le Maroc, conscient de ce basculement, s’inscrit dans cette dynamique à travers une alliance stratégique entre le holding Al Mada et le géant chinois CNGR Advanced Materials. Leur coentreprise, baptisée COBCO, vient de franchir une étape décisive avec l’obtention d’un financement vert syndiqué international destiné à accélérer la production de matériaux pour batteries. Cette opération confirme la volonté du Royaume de se positionner comme un acteur central des chaînes de valeur liées à la mobilité électrique, à la croisée des enjeux géopolitiques, économiques et durables.

L’usine implantée à Jorf Lasfar, sur une superficie de plus de 200 hectares, a inauguré en juin 2025 sa première ligne de production. Cette unité, capable de fournir 40 000 tonnes par an de précurseurs Nickel-Manganèse-Cobalt (NMC), constitue le premier jalon d’un projet industriel d’une ampleur inédite sur le continent africain. La montée en puissance prévue dans les prochaines années portera la capacité totale à 120 000 tonnes de NMC, complétées par 60 000 tonnes de cathodes Lithium-Fer-Phosphate (LFP) et une unité de recyclage des résidus de batteries, dite « black mass », pouvant traiter 60 000 tonnes par an. À terme, la production globale équivaudra à près de 70 GWh annuels, soit de quoi alimenter environ un million de véhicules électriques.

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Le coût total de ce complexe industriel est estimé à 20 milliards de dirhams, l’équivalent de 1,8 à 2 milliards de dollars. Pour soutenir une telle ambition, un consortium bancaire a structuré un prêt vert syndiqué associant l’Assurance-crédit à l’exportation chinoise ainsi que plusieurs institutions internationales de référence, parmi lesquelles BNP Paribas, Standard Chartered et la Banque de construction de Chine. Ce montage financier innovant illustre la convergence entre expertise transnationale et standards de la finance durable, condition indispensable pour attirer des capitaux dans un secteur en pleine mutation.

Au-delà de l’aspect financier, les retombées économiques et sociales sont significatives. Les précurseurs NMC représentent près de 30 % du poids d’une batterie lithium-ion, soit entre 70 et 150 kilogrammes sur un ensemble de 250 à 500 kilogrammes, ce qui en fait un composant déterminant de la densité énergétique, de la durée de vie et de la sécurité des batteries.

Le projet génère par ailleurs 5 000 emplois durant sa phase de construction et devrait créer 1 800 emplois directs et un volume équivalent d’emplois indirects une fois l’usine pleinement opérationnelle. Il s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, intégrant production, raffinage et recyclage, et bénéficie d’un positionnement géographique stratégique à proximité immédiate des marchés européens et américains, renforcé par les accords de libre-échange conclus par le Maroc.

À l’échelle internationale, le Royaume devient l’un des rares pays hors d’Asie à accueillir une telle capacité industrielle, marquant une étape décisive vers la relocalisation partielle des chaînes d’approvisionnement. Ce choix industriel répond également aux ambitions nationales en matière de mobilité électrique : le gouvernement prévoit une production de 107 000 véhicules électriques d’ici fin 2025, dans un pays déjà capable de produire 700 000 unités par an, avec une cible fixée à un million. La valorisation des ressources naturelles locales, notamment les phosphates – dont le Maroc détient 71 % des réserves mondiales –, le cobalt ou encore le manganèse, renforce cette stratégie de montée en gamme.

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