Attijariwafa Bank et CIH Bank ouvrent un nouveau cycle de rentabilité
L’année 2025 marque un tournant dans le paysage bancaire coté à Casablanca. Les publications des résultats à fin septembre confirment la solidité du secteur, mais aussi l’ascension spectaculaire de deux de ses principaux acteurs : Attijariwafa Bank et CIH Bank. Selon le dernier Research Report – Equity d’Attijari Global Research (AGR), les deux établissements s’apprêtent à franchir des seuils historiques de rentabilité, témoignant d’une dynamique structurelle qui dépasse la simple reprise conjoncturelle.
Attijariwafa Bank affiche une performance qui redéfinit les standards du marché. Avec un résultat net part du groupe de 8,3 milliards de dirhams sur neuf mois, soit 80% de l’objectif annuel retenu par AGR, le groupe bancaire se dirige vers un exercice exceptionnel qui le placerait, pour la première fois dans l’histoire de la cote marocaine, au-dessus du cap symbolique des 10 milliards de dirhams de bénéfices. Une telle performance ancre davantage AWB dans son statut de locomotive du marché, mais surtout souligne la montée en puissance de ses relais de croissance en Afrique et dans la banque de détail domestique.
CIH Bank suit une trajectoire différente mais non moins significative. L’établissement poursuit son repositionnement stratégique avec une progression de 31% de son RNPG, atteignant 862 millions de dirhams fin septembre, soit un taux d’atteinte de 79% des prévisions annuelles d’AGR. Le franchissement attendu du milliard de dirhams de bénéfices dès 2025 constituerait une première dans l’histoire de la banque et consacrerait plusieurs années d’accélération commerciale, d’investissement technologique et d’élargissement de son univers clientèle.
Au-delà des performances individuelles, l’analyse d’AGR offre une lecture révélatrice de la distribution des bénéfices au sein de l’indice AGR-30, véritable baromètre de la création de valeur sur la place de Casablanca. Attijariwafa Bank y apparaît comme l’unique entreprise capable de dépasser la barre des 10 milliards de dirhams de résultat net, confirmant son poids systémique dans la capitalisation et dans la stabilité du marché.
Juste derrière ce sommet, huit sociétés de l’AGR-30 – représentant près de 43% de la capitalisation – devraient afficher des bénéfices compris entre 1 et 10 milliards de dirhams. Viennent ensuite sept entreprises dans la tranche 500 millions–1 milliard de dirhams, soit 18% de la capitalisation. La catégorie des profits intermédiaires, de 100 à 500 millions, regroupe douze sociétés totalisant 9% de la capitalisation. Enfin, cinq émetteurs — à peine 2% du marché — devraient clôturer sous la barre des 100 millions.
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Cette cartographie des résultats révèle plusieurs tendances de fond : la concentration croissante des profits entre les mains d’un noyau d’acteurs dominants ; la montée d’un segment intermédiaire solide, porté par des modèles plus diversifiés ; et la persistance d’un bas de tableau fragmenté, parfois contraint par la taille critique ou par des marchés en mutation rapide.
Dans ce contexte, le franchissement de caps historiques par AWB et CIH Bank illustre moins un simple effet de rattrapage qu’une recomposition progressive du secteur, où la rentabilité devient la résultante d’investissements lourds dans la technologie, la maîtrise du risque et la diversification géographique. À l’heure où la Bourse de Casablanca s’interroge sur les leviers à activer pour renforcer son attractivité, ces performances pourraient agir comme un catalyseur. Elles rappellent que la création de valeur reste possible dès lors que les stratégies sont claires, les bilans solides et les ambitions régionales assumées.

