L’Économiste

Olivier Noël : “Le Maroc s’impose comme un pilier de la souveraineté financière africaine”

Olivier Noël
Secrétaire général de l’AFIS

Sortir de cette cinquième édition de l’Africa Financial Summit avec des engagements concrets. Tel est l’un des principaux objectifs des organisateurs de cet événement continental qui se tient, pour la deuxième année de suite, à Casablanca. Pour Olivier Noël, secrétaire général de l’AFIS, le Maroc s’impose désormais comme un pilier de la souveraineté financière africaine.

Casablanca accueille pour la deuxième année consécutive l’Africa Financial Summit. Quelles en sont les spécificités, cette année ?
Cette cinquième édition, organisée pour la deuxième fois de suite à Casablanca, illustre une conviction profonde : le Royaume du Maroc s’impose désormais comme un pilier de la souveraineté financière africaine. Casablanca n’est pas un simple lieu d’accueil ; c’est un écosystème structuré autour de Casa Finance City, qui incarne la modernisation du secteur financier du continent.

La place financière marocaine réunit des institutions bancaires, assurantielles et fintech de premier plan, un marché boursier parmi les plus dynamiques d’Afrique et une vision d’intégration économique à l’échelle du continent, portée au plus haut niveau de l’État. L’édition 2025 se distingue par son ambition : passer du diagnostic à l’action. Nous voulons concrétiser le thème

«Notre capital, notre puissance : libérons la souveraineté financière de l’Afrique» en montrant comment les institutions africaines peuvent désormais financer elles-mêmes leurs priorités stratégiques – infrastructures, transition énergétique, numérique, inclusion.

Cette année, l’AFIS sera aussi plus opérationnel : des tables rondes techniques sont consacrées aux marchés secondaires de créances, à la régulation de l’intelligence artificielle, aux fintechs transfrontalières ou encore à la finance climat. L’enjeu est de transformer la communauté AFIS en une véritable coalition d’acteurs capables de bâtir des solutions africaines à nos défis communs.

Qu’attendez-vous de cette édition, en tant qu’organisateurs ?
Notre première attente est de faire émerger des solutions pour mobiliser plus efficacement le capital disponible sur le continent africain, dans le contexte de baisse importante des flux d’aide au développement et du désengagement des banques étrangères.

L’Afrique dispose de milliards de dollars d’actifs – fonds de pension, fonds collectés à long terme par l’assurance-vie, dépôts auprès des banques commerciales, réserves de change des banques centrales, cash des fintechs. Tout ceci pourrait être mobilisé bien plus largement pour financer les économies, les entreprises et les besoins des ménages africains. Ces actifs sont souvent placés hors du continent, auprès des correspondants bancaires internationaux.

L’AFIS 2025 vise à démontrer que ce capital peut être activé à grande échelle, à condition d’en moderniser les cadres réglementaires, d’harmoniser les normes et de bâtir la confiance entre les juridictions. Les diasporas africaines sont également un vivier de capitaux qui peut être mobilisé plus activement, à l’instar des MRE par les grandes banques marocaines.

Qu’en est-il des engagements concrets qui doivent résulter de ce nouveau sommet ?
Nous espérons aussi voir émerger des engagements concrets : partenariats public-privé, projets interbancaires, mécanismes de financement verts, initiatives d’intégration régionale. En créant, avec le soutien de la Société Financière Internationale (IFC), une plateforme de dialogue et de coopération dédiée aux institutions financières africaines, AFIS œuvre à renforcer la compétitivité des institutions financières et à favoriser la construction d’un système financier inclusif et intégré, au service de la croissance et du développement économique du continent.

Le Sommet de la finance africaine est la seule plateforme où se rencontrent, sur un pied d’égalité, ministres des finances, gouverneurs de banques centrales, dirigeants de banques et de groupes d’assurances, fondateurs de fintech et investisseurs institutionnels. Notre rôle, en tant qu’organisateurs, est de créer les conditions de ce dialogue stratégique et de traduire ces échanges en feuilles de route sectorielles, utiles à long terme pour les décideurs africains.

Quel regard portez-vous sur le secteur financier marocain et son rôle dans la dynamique continentale ?
Le Maroc est aujourd’hui un modèle de transformation financière pour le continent. En vingt ans, il a bâti une infrastructure solide : un système bancaire régionalement intégré, un taux de bancarisation passé de 23% à 58%, des marchés financiers modernisés et un secteur de l’assurance et de la réassurance qui se hisse au deuxième rang africain.

Le secteur financier marocain est également une référence dans le financement des grands projets, de la finance verte, notamment les énergies renouvelables, et de l’accès au logement à l’échelle nationale, à travers les crédits hypothécaires et les fonds de garantie. Son écosystème financier est adossé à une politique publique cohérente entre inclusion, innovation et réglementation exigeante pour garantir la stabilité du système.

Le Maroc a aussi compris que la souveraineté financière passe par la confiance des investisseurs et l’exemplarité : réglementation claire, stabilité macroéconomique, fiscalité attractive, ouverture internationale. Cette crédibilité fait du Royaume une plateforme d’intégration régionale unique, où se rencontrent capitaux européens, africains et du Golfe. Casablanca, qui accueille l’AFIS pour la deuxième année consécutive, est le symbole d’une Afrique financièrement souveraine, connectée, innovante et confiante en son avenir.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO

Continuer la lecture

Bouton retour en haut de la page