Thérapie de couple : Emma (39 ans) et Arthur (37 ans), « Je disais « je t’aime » et je n’avais aucune réponse en retour »
Emma s’est tombée amoureuse d’Arthur alors qu’elle ne pensait plus être capable d’un tel sentiment : « J’ai deux grandes ruptures dans ma vie. Très douloureuses. Une avec un divorce en prime. La dernière fois que je me suis retrouvée célibataires, je me suis dit que c’était fini. J’étais épuisée. Même l’idée d’être amoureuse, qui est plutôt un sentiment positif, ça m’épuisait d’avance. Stresser pour tout et rien, me mettre la pression, jouer la comédie pour ne pas repousser un homme dans les débuts, c’est une sacrée charge. J’avais laissé tomber. Et puis Arthur a débarqué à un apéro avec des copines. C’était le pote du nouveau mec d’une amie. Il passait sans intention particulière. Il était beau. Il était drôle. J’avais un crush énorme sur lui dès le premier soir.
« Dès que j’ai senti qu’il y avait un problème avec Arthur, j’ai dit direct que c’était la case psy »
C’était reparti. Mais je me suis aussi dit tout de suite que je ne voulais pas refaire les mêmes erreurs. Plus question de laisser passer des trucs énormes et de finir par en souffrir à la fin. C’est pour ça que dès que j’ai senti qu’il y avait un problème avec Arthur, j’ai dit direct que c’était la case psy et puis c’est tout. »
« C’est un handicapé total de la déclaration »
Emma souffre en effet que celui qui est devenu son compagnon ne lui dise pas plus qu’il l’aime : « C’est un handicapé total de la déclaration. Il a mis 6 mois à me dire qu’il m’aimait et on habitait déjà ensemble. Après, il ne l’a quasiment plus dit. J’avais des amies qui disaient que peut-être pour lui ça n’avait pas la même valeur et qu’il attendait donc des moments spécifiques pour le dire. Je veux bien entendre ça mais c’était quand même ridicule. Je lui disais, moi, pendant ce temps-là. Et il ne répondait jamais. Ça arrivait qu’il m’embrasse comme réponse. Mais quelquefois même pas forcément. Je disais « je t’aime » parce que je le pensais et je n’avais aucune réponse en face. Et je savais très bien que ce n’était pas du tout parce qu’il ne m’aimait pas. Les mots restaient juste bloqués. Au début, je trouvais ça un peu mignon, un peu romantique, et puis après on a commencé à blaguer là-dessus et puis ça a fini par me prendre la tête. Je me disais qu’en parlant avec un psy, ça pourrait peut-être débloquer les choses. J’avais raison. »
Dans le cabinet, Arthur admet que son problème avec les déclarations d’amour vient de sa relation précédente : « Il aurait suffi que je le dise, je pense, et Emma aurait pu comprendre. Mais j’ai eu honte. Je ne voulais pas qu’elle pense que j’étais encore en deuil de quelque chose. Mais la vérité c’est que j’ai été très marqué par mon histoire précédente. Elle a duré presque 10 ans. Et j’ai beaucoup souffert. Ça a changé mon comportement, j’ai moins confiance en moi. J’ai beau avoir commencé quelque chose avec Emma, je reste marqué par ça. Et pour les « je t’aime » c’est le même problème. En fait, à la fin de ma précédente histoire, j’ai appris après coup que mon ex m’avait dit « je t’aime » pendant des mois alors qu’elle ne le pensait plus et qu’elle me trompait avec un autre type. Ça a perdu tout son sens. Et ma réaction après la rupture ça a été une réaction assez classique dans ce genre de cas. Je me suis dit que je n’allais plus jamais le dire.
« On a fait symboliquement le geste de s’engager à vivre quelque chose de mieux ensemble »
En fait, avec Emma, on a commencé notre histoire un peu dans le même état. Elle n’avait plus envie d’être amoureuse et moi non plus. On craignait de souffrir surtout. Et notre peur nous a fait avoir des réactions de défense qui font du mal aussi. Donc bien sûr qu’on avait besoin de travailler ensemble pour que ça aille mieux. C’était même une sacrée preuve d’engagement. En y allant, on a fait symboliquement le geste de s’engager à vivre quelque chose de mieux ensemble. »
Le psychologue lui fait faire des exercices au quotidien : « Quand il a été établi que je pensais vraiment être amoureux d’Emma et que ce n’était pas ça le problème, on a eu des rendez-vous toutes les deux semaines et des petits devoirs à faire à la maison entre les rendez-vous. Il y a eu un moment où on devait prendre le temps de se parler de ce qu’on ressentait un peu chaque jour, noter chaque moment où je pensais que j’aurais pu le dire. Puis, dans une autre phase, le dire. Trouver des réponses adaptées pour quand Emma me le disait. Il y a vraiment eu plein de choses. Je me sentais actif par rapport à ce problème. Je nous sentais actifs parce qu’on le faisait à deux. Emma n’était pas dans la colère mais plus dans la construction aussi et ça a beaucoup aidé. Je pense que ça nous a renforcé de faire ça ensemble. Ça fait quelques mois qu’on ne voit plus le psy mais je suis capable de dire à Emma que je l’aime presque une fois par jour. Et en fait comme je le pense sans arrêt je pourrais le dire tout le temps mais je préfère réserver cette phrase à des moments où ça a du sens pour moi. Je ne veux pas que ça devienne un réflexe de le dire, comme une habitude qui deviendrait mauvaise. Je veux le dire parce que je pense au fond de moi. C’est ce qui se passe enfin et c’est assez beau ce que ça nous fait. Je peux dire qu’on se donne les meilleures chances de partir pour un long chemin. Et ça me rend très heureux. »