Santé

En corps heureux : « Je vis avec des troubles alimentaires depuis vingt-cinq ans »

Jusqu’à 14 ans, mon corps est mon super outil. Je nage beaucoup. Vraiment beaucoup. Mon corps est fort, puissant, musclé, je ne l’ai jamais trouvé beau mais quelle machine merveilleuse ! Je ne plais pas comme les autres filles, évidemment. Moi je suis celle sur qui reposent les espoirs. Ceux de mes entraîneurs, d’avoir une nageuse en élite belge et de pouvoir s’en féliciter. Ceux de mon club, de placer un nageur « dans le game ». Mes espoirs à moi, évidemment. Certains nageurs me soutiennent, d’autres pas. Une forme de jalousie j’imagine ? Être plus forte que les garçons, ces petites choses fragiles de l’ego, ça ne se fait jamais sans mal dans le sport. Et donc les autres filles se font « dragouiller » comme on peut l’être à 14 ans, quand moi je suis la pote, la rivale amicale, celle avec qui on fait des plans sur la comète, sur notre carrière de sportif pro. Et puis la machine s’enraye. Un souci de hanche m’arrête dans mes rêves de sportive. 14 ans c’est déjà l’âge où l’on change et je ne le vois pas tout de suite, sculptée que je suis par les heures dans l’eau. Puis d’un coup, en trois mois, 15 kilos. Je passe de musclée à grasse. Mon poids devient mon obsession. La puberté je ne la sens pas, pour moi, ce n’est pas elle qui me fait grossir ou changer : c’est l’arrêt de la natation. À partir de là, vingt-cinq ans de troubles alimentaires commencent.

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IL SUFFIT DE VOMIR

 Je n’ai jamais su m’empêcher de manger. C’est une façon de compenser. Alors je me dis

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