La Samir se déleste d’un précieux actif
Un nouveau chapitre s’écrit dans le long feuilleton de la liquidation de la Samir, unique raffinerie de pétrole du Maroc, avec la vente définitive de l’hôtel Avanti, actif emblématique de la station balnéaire de Mohammedia. Comme l’a révélé Médias24 ce vendredi 11 juillet 2025, l’établissement a été cédé pour un montant avoisinant les 170 millions de dirhams, après l’annulation d’une première tentative de vente.
L’ordonnance de cession a été rendue dans le cadre de l’extension de la procédure de liquidation judiciaire qui frappe la Samir depuis 2016. Ce transfert de propriété concerne un actif non stratégique, mais symboliquement fort, dans la mesure où il appartient à un ensemble de biens immobiliers liés à l’ancienne raffinerie de Mohammedia.
Situé en front de mer, l’hôtel Avanti est un établissement 4 étoiles connu pour avoir été l’un des rares investissements touristiques tangibles de la Samir à Mohammedia. Malgré la cessation de paiement prononcée en août 2015 et la liquidation judiciaire actée par le tribunal de commerce de Casablanca l’année suivante, l’hôtel avait continué de fonctionner sous gestion partielle, tout en étant inscrit dans l’inventaire des actifs à céder.
Sa vente, qui intervient après une première transaction annulée, illustre les difficultés techniques et juridiques liées au démantèlement progressif du patrimoine de la Samir, dont la raffinerie elle-même demeure toujours sans repreneur, près de neuf ans après l’arrêt des activités.
La cession de l’Avanti s’inscrit dans un ensemble de ventes ponctuelles ordonnées par le tribunal de commerce pour tenter de récupérer une partie du passif de la société. Ce dernier s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dirhams, incluant des créances fiscales, des dettes envers les fournisseurs internationaux de brut et des pénalités dues à l’État.
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L’hôtel, bien que périphérique au cœur industriel de la raffinerie, figurait parmi les biens les plus valorisables à court terme, compte tenu de sa localisation stratégique et de son potentiel touristique. Selon les éléments disponibles, l’identité de l’acquéreur n’a pas encore été rendue publique.
Cette vente soulève à nouveau la question de la gestion des actifs restants de la Samir, mais surtout de l’absence de stratégie industrielle cohérente depuis la fermeture du site en 2015. Plusieurs gouvernements se sont succédé sans parvenir à relancer la raffinerie ni à conclure un accord avec un investisseur sérieux, malgré les appels d’offres répétés.
Par ailleurs, la cession de l’hôtel Avanti vient rappeler le caractère fragmenté de la liquidation : la justice commerciale procède par actifs isolés, faute de repreneur global, ce qui rend improbable un scénario de relance unifiée.
La vente de l’Avanti, même si elle représente une opération ponctuelle de plus de 170 MDH, ne change pas fondamentalement la trajectoire descendante de l’affaire Samir. Elle souligne au contraire la lente dislocation d’un patrimoine jadis au cœur de la politique énergétique nationale, mais aujourd’hui traité comme un ensemble d’actifs à liquider, sans projet de reconversion structurant.