Economie

L’ANRT ouvre l’attribution des licences 5G

L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) a annoncé, vendredi 11 juillet, le lancement officiel de l’appel à concurrence pour l’octroi des licences d’établissement et d’exploitation de réseaux mobiles 5G. Cette étape, attendue de longue date, marque un jalon décisif dans la modernisation des infrastructures numériques du Royaume.

Ce lancement intervient dans un contexte de recomposition du paysage télécoms marocain, illustré récemment par l’alliance stratégique entre Maroc Telecom (IAM) et Inwi, scellée à travers la création d’Uni Tower, une coentreprise dédiée à la mutualisation des infrastructures passives. L’objectif affiché est la construction de 2 000 nouvelles tours en trois ans, et 6 000 à l’horizon 2035, avec un capital initial de 1,4 milliard de dirhams.

L’ANRT inscrit cette initiative dans le cadre de la stratégie Maroc Digital 2030, feuille de route gouvernementale visant à faire du numérique un levier de transformation économique. « Ce processus vise à doter le Royaume du Maroc des dernières technologies en matière de communications mobiles, en vue d’accompagner son développement économique et social », souligne l’agence dans son communiqué.

Outre la réduction de la fracture numérique et la généralisation de la connectivité à haut débit, l’introduction de la 5G devrait permettre une meilleure fluidité des communications, une latence ultra-faible, et une fiabilité accrue des services, ouvrant la voie à l’essor de nouveaux usages : industrie 4.0, santé connectée, villes intelligentes, ou encore mobilité autonome.

Lire aussi : L’ANRT soulève la chute du volume de trafic sortant en téléphonie mobile

Pour les opérateurs, le passage à la 5G représente un investissement massif, avec un retour sur investissement encore incertain. La mise aux enchères des licences interviendra dans un contexte de forte pression sur les marges du secteur télécom, accentuée par la régulation tarifaire et la saturation progressive des marchés urbains.

La mutualisation des infrastructures, amorcée par Uni Tower, apparaît donc comme un levier de rationalisation. Mais elle suppose aussi une gouvernance partagée et une coordination technique complexe. Quant à Orange Maroc, toujours en lice, sa position vis-à-vis de cette coentreprise reste à clarifier.

L’introduction de la 5G soulève également des questions de souveraineté numérique. Dans un contexte international marqué par les tensions technologiques entre les États-Unis, la Chine et l’Union européenne, le choix des fournisseurs — équipements, logiciels, normes — devient stratégique. L’ANRT devra trancher entre ouverture aux acteurs mondiaux (Huawei, Nokia, Ericsson, ZTE) et exigences sécuritaires, notamment en matière de protection des données et de cybersécurité.

Par ailleurs, l’impact environnemental du déploiement de la 5G, bien que marginal comparé à d’autres secteurs, commence à être soulevé dans les débats publics, notamment en lien avec la consommation énergétique des nouvelles infrastructures.

Au-delà de l’innovation technologique, l’arrivée de la 5G au Maroc suppose un cadre réglementaire renforcé pour encadrer les nouveaux services, garantir l’équité d’accès entre les territoires et prévenir les risques de concentration des acteurs. Des questions persistent également quant à la capacité de certaines zones rurales à bénéficier, à court terme, de cette technologie.

Continuer la lecture

Bouton retour en haut de la page