Economie

la spéculation foncière fragilise l’équilibre urbain

Autour de Casablanca, Marrakech et Tanger, la pression foncière s’intensifie. Promoteurs, investisseurs et élus anticipent des reclassifications de zones agricoles en terrains constructibles, provoquant une flambée des prix et alimentant les inquiétudes sur l’avenir des espaces naturels et la transparence des processus d’aménagement.

Une vague spéculative frappe les périphéries des grandes métropoles marocaines. À Casablanca, Marrakech ou Tanger, les acquisitions de terres agricoles se multiplient, portées par la perspective de changements dans les plans d’urbanisme. De nombreux promoteurs immobiliers et lotisseurs achètent massivement des parcelles en bordure de zones urbaines, dans l’espoir qu’elles soient prochainement intégrées au périmètre constructible.

Souvent réalisées dans la discrétion, ces transactions s’effectuent en grande partie en espèces, en marge des circuits bancaires traditionnels. Cette opacité alimente les soupçons de spéculation incontrôlée et soulève de vives préoccupations sur les dérives d’un urbanisme guidé davantage par les intérêts privés que par des logiques d’aménagement maîtrisé.

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Des acteurs politiques locaux seraient également impliqués dans cette frénésie foncière. Certains élus, notamment des présidents de communes, miseraient sur les futures reclassifications de zones agricoles ou de « zones de restructuration » (ZR) pour constituer un patrimoine foncier valorisable à moyen terme. Cette dynamique menace l’existence même des ceintures vertes et espaces naturels, essentiels à la régulation écologique et à la qualité de vie urbaine.

La situation est d’autant plus critique que plusieurs plans d’aménagement urbain sont en cours de révision, après l’expiration de leur validité décennale. À Casablanca, le conseil d’arrondissement d’Aïn Chock a déjà émis un avis sur le nouveau plan d’urbanisme, transmis au conseil communal. Plus de 500 recours ont été déposés par des citoyens dénonçant les orientations retenues.

Face à ces tensions, de nombreuses collectivités territoriales demandent à être pleinement associées à l’élaboration des nouveaux documents de planification. Elles réclament la prise en compte des infrastructures existantes, la préservation des droits acquis et une meilleure répartition des espaces réservés aux équipements publics, à la voirie et aux zones vertes. La priorité devrait, selon elles, être donnée à la densification autour des axes déjà structurés, afin de contenir l’étalement urbain.

Plusieurs élus ont interpellé les agences urbaines, appelant à une lecture attentive des recours citoyens et à une gouvernance plus transparente. Pour de nombreux urbanistes et observateurs, cette ruée spéculative sur les terres agricoles menace les fondements d’un développement urbain durable, équilibré et planifié. Elle appelle une réponse publique à la hauteur des enjeux : concilier croissance démographique, régulation foncière et préservation des ressources naturelles.

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