le Maroc riposte face aux importations chinoises
Le Maroc monte au créneau pour défendre son industrie. Face à l’afflux de luminaires LED chinois vendus à des prix cassés, le ministère de l’Industrie et du Commerce dénonce un dumping avéré. Avec 27 % de marge sous-évaluée, les producteurs locaux étouffent, et des mesures correctives sont désormais sur la table.
Le Maroc vient de poser un acte fort en matière de défense commerciale. Dans un avis publié le 22 mai 2025, le ministère de l’Industrie et du Commerce a confirmé l’existence d’un dumping sur les luminaires LED pour l’éclairage public importés de Chine, avec une marge de 27 %. Derrière ces chiffres, c’est toute une industrie marocaine qui souffre, et qui commence enfin à se faire entendre.
Tout commence en septembre 2024, lorsque Luxlighting, principal fabricant marocain dans ce secteur, représentant à lui seul 82 % de la production nationale, tire la sonnette d’alarme. Ses dirigeants dénoncent une concurrence déloyale venue de Chine : des prix cassés, des marges impossibles à tenir et un marché local en pleine chute. Leur plainte est claire : les luminaires chinois sont vendus au Maroc à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur leur propre marché, faussant gravement la concurrence.
Le ministère lance alors une enquête, en s’appuyant notamment sur des factures et des offres de prix comparant les tarifs « sortie usine » en Chine avec ceux pratiqués à l’export. Résultat : une marge de dumping qui dépasse largement le seuil toléré à l’international (2 %), atteignant un inquiétant 27 %. Faute de coopération des exportateurs chinois, les autorités marocaines se sont basées sur les données locales disponibles, une méthode tout à fait conforme aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce.
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Les chiffres ne mentent pas : en 2023, la sous-cotation des prix chinois a atteint un écart moyen de prix de 109 % en faveur des produits chinois. En d’autres termes, les produits chinois étaient en moyenne deux fois moins chers que ceux fabriqués au Maroc. Impossible pour les industriels marocains de suivre cette cadence. Baisse de la production, recul des ventes, chute des parts de marché : les conséquences n’ont pas tardé à se faire sentir. Le ministère confirme aujourd’hui que cette situation a porté un « préjudice important » à l’industrie nationale.
Mais il ne s’agit pas simplement de défendre des intérêts économiques. Ce dossier touche aussi à des enjeux plus larges. Les luminaires LED jouent un rôle clé dans l’éclairage des espaces publics, qu’il s’agisse des rues, des boulevards ou des parcs, et s’inscrivent dans les politiques d’efficacité énergétique du pays. En laissant les produits chinois inonder le marché à bas prix, c’est toute la stratégie industrielle et environnementale du Maroc qui se trouve fragilisée.
La publication des résultats préliminaires de l’enquête ouvre désormais la voie à des mesures concrètes : des droits antidumping pourraient bientôt être appliqués sur les produits concernés, pour rétablir un minimum d’équité sur le marché. L’objectif est de donner un nouveau souffle aux producteurs marocains, leur permettre de regagner des parts de marché et de continuer à investir dans des solutions innovantes.
Pour Luxlighting et les autres acteurs de la filière, cette décision représente une reconnaissance attendue, presque un soulagement. Et pour les autorités marocaines, c’est aussi l’occasion d’affirmer une position claire : face aux pratiques commerciales déloyales, le Royaume entend défendre ses industries avec rigueur et dans le respect des règles internationales.
L’enquête suit son cours et devrait livrer ses conclusions définitives dans les prochains mois. Mais une chose est sûre : ce dossier aura marqué un tournant dans la manière dont le Maroc entend protéger ses entreprises et affirmer sa souveraineté économique.