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les syndicats vent debout contre la gestion Akhannouch

Lors de son discours offensif prononcé à Rabat à l’occasion de la fête du Travail, le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, a tiré à boulets rouges sur l’exécutif, accusé de mépriser les revendications sociales et de gouverner sous l’influence des puissances d’argent. Au cœur de sa charge : la gestion unilatérale des réformes sociales, l’inaction face à l’inflation persistante, et l’adoption controversée du projet de loi encadrant le droit de grève, dénoncé comme une attaque frontale contre les acquis démocratiques.

Ce discours marque un nouveau palier dans la crise ouverte qui oppose depuis plusieurs mois l’UMT au gouvernement Akhannouch. Les négociations sociales stagnent, les concertations institutionnelles s’essoufflent, et les gestes d’apaisement se font attendre dans un contexte où le pouvoir d’achat des ménages, érodé par la flambée des prix, alimente un malaise social de plus en plus palpable. À cela s’ajoute, selon Moukharik, une série de décisions « unilatérales » adoptées sans véritable dialogue tripartite, qui fragilise encore la crédibilité du gouvernement auprès des forces syndicales.

Sur le droit de grève, le ton est monté d’un cran. « Ce projet de loi, adopté dans des conditions opaques et sans quorum parlementaire représentatif, constitue une parodie législative », a-t-il martelé. Le syndicaliste y voit un texte liberticide, attentatoire aux libertés publiques, qui porte un coup grave aux équilibres démocratiques garantis par la Constitution. En s’attaquant ainsi à ce que l’UMT considère comme une liberté fondamentale, le gouvernement franchirait, selon lui, une ligne rouge.

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Plus largement, c’est une critique systémique que formule Moukharik. Il dénonce une « dérive mercantile » du gouvernement, qui, à ses yeux, tourne résolument le dos aux classes laborieuses. « Le gouvernement observe avec une passivité inquiétante – voire une complaisance coupable – les jeux spéculatifs des groupes d’intérêt sur les prix des biens essentiels », a-t-il déclaré, accusant l’exécutif de faire le jeu des lobbies économiques au détriment des couches populaires.

Au-delà des dénonciations, l’UMT avance une plateforme revendicative précise : revalorisation des salaires, augmentation du SMIG, hausse des pensions de retraite et des allocations familiales, mais aussi réforme fiscale en profondeur. Miloudi Moukharik appelle notamment à l’instauration d’un impôt sur la fortune et à une révision de l’impôt sur le revenu, afin de rétablir un minimum de justice sociale dans une architecture fiscale jugée inégalitaire.

L’UMT réclame également l’abrogation de l’article 288 du Code pénal, vestige du régime colonial, qu’elle considère comme un instrument répressif entravant l’action syndicale et contraire aux engagements internationaux du Maroc en matière de droits humains.

Le leader syndical a plaidé pour une intervention forte de l’État dans la régulation des marchés, par la fixation de plafonds sur les prix des carburants, des denrées de base et des services essentiels. Il a exigé la fin de la spéculation, des rentes illégitimes et des abus commis par certains intermédiaires économiques.

« Il est temps que l’État reprenne la main. Il ne peut continuer à déléguer l’intérêt général à des logiques de marché guidées par la prédation », a-t-il conclu, sous les acclamations d’un auditoire galvanisé. Le message est clair : le temps du compromis semble révolu. Et celui du bras de fer, bien entamé.

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