Stress post-traumatique et résilience : nos cerveaux ne sont pas tous égaux
Une étude française révèle que, chez les personnes remises d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT), les mécanismes de contrôle de la mémoire « se refaçonnent », aboutissant à « une diminution des symptômes ». Une transformation que ne connaissent pas les personnes toujours souffrantes de TSPT.
« Pourquoi certaines personnes ayant vécu un traumatisme souffrent-elles de stress post-traumatique, alors que d’autres ne développent jamais ce trouble ? », interroge Pierre Gagnepain, chercheur à l’Inserm et responsable scientifique de l’étude Remember. Une première réponse à la question a été apportée mercredi 8 janvier par un travail conduit dans l’étude Remember.
Celle-ci a été mise en place dans les mois ayant suivi les attentats du 13 novembre 2015 pour comprendre les effets d’un événement traumatique sur le fonctionnement du cerveau. Plusieurs travaux sont publiés dans son cadre depuis 2015. « L’objectif est que ces travaux puissent déboucher sur de nouvelles pistes thérapeutiques, complémentaires à celles existant », indique l’Inserm.
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Et le dernier article publié dans l’étude Remember pourrait bien y participer. Celui-ci met en évidence le rôle joué par la plasticité des réseaux cérébraux, impliqués dans le contrôle de la mémoire. Ce sont ces derniers qui permettent de mettre à distance certains souvenirs. « Les chercheurs montrent que, chez les personnes remises d’un trouble de stress post-traumatique, ces mécanismes de contrôle de la mémoire se refaçonnent au cours du temps et finissent par se ‘normaliser’ », souligne l’étude.
De nouvelles thérapies possibles ?
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont soumis une centaine de personnes exposées aux attentats du 13 novembre 2015 à des imageries cérébrales à deux reprises, en 2016-2017 puis en 2018-2019, pour étudier les évolutions de leur cerveau. Parmi elles, 24 souffraient de trouble de stress post-traumatique chronique et 19 s’en étaient remises. 72 personnes non exposées aux attentats ont également participé à l’étude, « servant de groupe contrôle ».
Chez les personnes atteintes de stress post-traumatique, l’étude montre aussi que leurs réseaux cérébraux ne parviennent pas à inhiber l’activité de l’hippocampe, cette région du cerveau responsable du fonctionnement de la mémoire. C’est ce qui permet aux souvenirs intrusifs de resurgir. « Néanmoins, l’apparition d’un début de plasticité des mécanismes de contrôle de la mémoire, observée lors de la seconde étape d’imagerie chez certains d’entre eux, prédit une future réduction des symptômes intrusifs », nuance l’étude.
« Rien n’est inscrit dans le marbre. La résilience humaine aux traumatismes est caractérisée par la plasticité des circuits de contrôle de la mémoire », conclut Giovanni Leone, premier auteur de l’étude. Celle-ci permet d’imaginer de nouvelles thérapies pour les patients, qui se concentreraient sur les réseaux cérébraux.
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« L’avantage de cette approche serait d’agir sur les réseaux cérébraux sans agir sur le système émotionnel et faire revivre les émotions traumatiques au patient », met en évidence Pierre Gagnepain. Une source d’espoir pour les nombreuses personnes souffrantes d’un trouble de stress post-traumatique.