Economie

La classe moyenne lourdement impactée par les fluctuations du carburant

Depuis le 17 décembre 2024, les prix des carburants ont connu une légère réduction de 20 centimes pour le gasoil, tandis que le prix de l’essence demeure inchangé après une augmentation en début du mois. Un mouvement qui, bien que perçu par certains comme une mesure favorable, semble ne pas être suffisant pour alléger le fardeau de la classe moyenne, déjà fortement impactée par les hausses successives des mois précédents.

L’industrie pétrolière, en revanche, réagit de manière disparate face à cette baisse : certaines stations ont ajusté leur prix rapidement dès lundi 16 décembre 2024 matin, tandis que d’autres ont attendu jusqu’au mardi 17 décembre 2024 pour ajuster leurs tarifs. Cette gestion du prix semble plus conditionnée par les stocks disponibles et les stratégies commerciales des distributeurs que par des facteurs transparents qui bénéficieraient à l’ensemble des citoyens. Pour les consommateurs, cette imprévisibilité donne l’impression d’une danse chaotique où les règles du jeu restent floues et où chaque centime est scruté avec une attention particulière.  En effet, la baisse de 20 centimes, bien que symbolique, survient après une période de fluctuations tumultueuses. Depuis l’été 2024, les prix des carburants ont été fortement influencés par les décisions de l’OPEP+ et par des tensions géopolitiques mondiales. Ce groupe d’acteurs majeurs, composé notamment de l’Arabie Saoudite et de la Russie, a récemment prolongé ses engagements de réduction de production pour stabiliser les cours mondiaux jusqu’en mars 2025.

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Le Maroc, dépendant des importations pétrolières pour couvrir une large part de ses besoins en énergie, est particulièrement vulnérable à ces fluctuations. Si les prix mondiaux continuent de fluctuer au gré des décisions prises à l’échelle internationale, le citoyen marocain est directement exposé à leurs conséquences. Les hausses de prix des carburants ont un effet d’entraînement sur toute l’économie marocaine, affectant particulièrement le secteur du transport, de la logistique, et in fine, le coût des produits de consommation. Toutefois, la baisse des prix semble, elle, mettre plus de temps à se faire sentir dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Cela se traduit par une érosion continue du pouvoir d’achat des ménages, surtout de la classe moyenne, dont les revenus sont affectés de manière disproportionnée par ces hausses, tandis que la baisse ne bénéficie pas de la même rapidité d’effet.

Les gérants de stations-service, souvent accusés de profiter de cette situation, rappellent que la fixation des prix échappe largement à leur contrôle car en effet ces derniers ne sont que des exécutants dans un système où les prix sont déterminés par les distributeurs. Les gérants, en période de hausse, se voient contraints de réapprovisionner leurs stocks à des prix plus élevés sans que leurs marges bénéficiaires n’en soient améliorées. Le système apparaît ainsi comme une impasse où ni le consommateur ni les exploitants de stations ne sortent gagnants. Face à cette volatilité, l’urgence d’une transition énergétique devient de plus en plus manifeste pour le Maroc. Si la baisse actuelle des prix des carburants pourrait paraître comme un soulagement passager, elle souligne surtout la fragilité du pays face à la dépendance vis-à-vis des marchés pétroliers mondiaux. Cette vulnérabilité énergétique, qui touche à la fois les consommateurs et l’économie dans son ensemble, nécessite une réorientation stratégique vers une diversification des sources d’énergie.

Le Maroc s’est engagé dans une transition énergétique ambitieuse, soutenue par des investissements majeurs dans les énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien. Ces initiatives, qui occupent déjà une place significative dans la production nationale, visent non seulement à réduire la dépendance aux énergies fossiles, mais également à stimuler la création d’emplois et à affirmer le rôle de leader régional du Royaume. Par ailleurs, le développement d’alternatives telles que la mobilité électrique et l’exploitation du gaz naturel représente une opportunité pour atténuer les pressions sur les consommateurs tout en renforçant la résilience énergétique nationale. Ainsi, les variations incessantes des prix des carburants mettent en lumière l’urgence d’une réforme énergétique structurante et d’une transition accélérée vers des solutions alternatives.

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