Economie

Cap sur les filières d’avenir à l’horizon 2030 au Maroc

À l’aube de 2030, le marché du travail marocain se redessine sous l’effet des mutations économiques, technologiques et industrielles, ouvrant la voie à de nouveaux métiers et à des compétences devenues indispensables pour accompagner la transformation du pays.

À l’horizon 2030, le Maroc se trouve à un moment charnière de son évolution économique et sociale. Porté par une stabilité macroéconomique reconnue, des choix industriels structurants et une accélération nette de la transition numérique et énergétique, le pays voit émerger de nouveaux métiers tandis que d’autres se transforment en profondeur.

Cette recomposition du marché du travail, déjà perceptible aujourd’hui, interroge directement les jeunes générations sur les filières à privilégier et les compétences à acquérir pour répondre aux besoins réels de l’économie nationale.

Cette dynamique s’inscrit d’abord dans une réalité chiffrée. Selon les dernières données du Haut-Commissariat au Plan, l’économie nationale a créé 82.000 emplois entre 2023 et 2024, grâce à une progression de 162.000 postes en zone urbaine, contre une perte de 80.000 en zone rurale.

Cette reprise partielle intervient après une année marquée par la destruction de 157.000 postes, illustrant un marché du travail en transition, encore fragile mais en mutation. Le secteur des services a largement porté cette création avec 160.000 emplois supplémentaires, devant l’industrie qui a généré 46.000 postes et le BTP qui en a créé 13.000. À l’inverse, l’agriculture, la forêt et la pêche ont perdu 137.000 emplois, confirmant un déplacement structurel de l’emploi vers des activités à plus forte valeur ajoutée.

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Les nouveaux métiers qui transforment l’emploi

Dans ce contexte, les métiers liés au numérique et à l’intelligence artificielle deviennent un moteur clé du Maroc de demain. Banques, entreprises industrielles, administrations publiques et établissements de santé intègrent désormais l’analyse de données, l’automatisation et les outils d’aide à la décision dans leurs processus.

Les profils capables de concevoir, exploiter et sécuriser ces technologies sont de plus en plus recherchés. Les métiers d’ingénieur en intelligence artificielle, de data analyst ou de développeur spécialisé ne relèvent plus d’une projection lointaine, mais d’une réalité déjà observable dans les recrutements, notamment en milieu urbain où se concentrent les créations d’emplois qualifiés.

Parallèlement, la transition énergétique confère une place centrale aux métiers liés à l’environnement et aux énergies renouvelables. Le Maroc, engagé depuis plusieurs années dans une stratégie ambitieuse fondée sur le solaire, l’éolien et l’efficacité énergétique, a besoin de compétences capables d’accompagner ces chantiers.

Ingénieurs en énergies propres, experts en transition énergétique ou techniciens spécialisés dans l’optimisation des consommations deviennent essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable et renforcer la souveraineté énergétique du pays.

Le numérique ne se limite toutefois pas à la production technologique. La cybersécurité s’impose désormais comme un enjeu stratégique. À mesure que les services se digitalisent, les risques augmentent, ce qui renforce la demande pour des experts capables de protéger les infrastructures critiques, les données sensibles et les systèmes financiers.

Dans un registre plus humain, les métiers de la santé et du paramédical continuent de gagner en importance. Le vieillissement progressif de la population, l’élargissement de l’accès aux soins et la modernisation des structures sanitaires génèrent des besoins croissants en infirmiers spécialisés, techniciens de laboratoire, professionnels de l’imagerie médicale ou encore diététiciens. Ces métiers ont une utilité sociale directe tout en offrant des perspectives d’emploi stables.

L’enseignement et la formation figurent également parmi les secteurs appelés à se transformer. Les réformes éducatives et l’essor de l’apprentissage numérique modifient en profondeur les métiers de l’enseignement.

Anticiper les besoins de demain

À ces secteurs s’ajoute désormais l’aéronautique, devenue l’un des symboles de la montée en gamme industrielle du Maroc. Le récent accord signé avec le groupe français Safran marque un tournant majeur. L’entreprise va investir 200 millions d’euros pour installer, près de Casablanca, une nouvelle ligne d’assemblage de moteurs destinés à Airbus, qui produira 350 moteurs LEAP-1A par an à partir de 2028.

Une usine de maintenance et de réparation, dotée d’une capacité annuelle de 150 moteurs, sera également opérationnelle dès 2027 grâce à un investissement supplémentaire de 120 millions d’euros.

Aujourd’hui, l’aéronautique marocaine emploie déjà 26.000 personnes à travers 150 entreprises, avec des exportations qui ont atteint 26 milliards de dirhams en 2024, selon M. Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce lors du Paris Air Show 2025. Le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, M. Younes Sekkouri, a indiqué que le pays prévoit de former 10.000 nouveaux talents d’ici 2030 pour accompagner cette dynamique, confirmant l’émergence de métiers hautement qualifiés dans l’ingénierie, la maintenance et la production industrielle avancée.

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