Economie

Le Maroc signe sa meilleure performance décennale

Portés par un afflux exceptionnel de devises, les avoirs officiels de réserve du Maroc ont atteint 431,24 MMDH en octobre 2025, en progression de 19,6 %. Entre boom touristique, montée des IDE et stabilité macroéconomique, le Royaume confirme une solidité financière rare dans un contexte international marqué par la volatilité.

Dans une conjoncture internationale empreinte d’incertitudes, le Royaume affiche une santé financière d’une robustesse remarquable. Selon Bank Al-Maghrib, les avoirs officiels de réserve ont culminé à 431,24 milliards de dirhams (MMDH) fin octobre 2025, soit l’équivalent de près de 47 milliards de dollars. Cette performance, qui représente une augmentation annuelle de 19,6 %, n’est pas un simple indicateur statistique ; elle constitue le symbole d’une résilience économique structurelle et d’une crédibilité monétaire accrue sur la scène mondiale.

L’ascension fulgurante des réserves est principalement imputable à la convergence de deux vecteurs économiques particulièrement dynamiques : le tourisme et les investissements directs étrangers (IDE). Les recettes touristiques, véritable pilier de cette embellie, ont bondi de 16,7 % pour s’établir à 113,26 MMDH. Cette vitalité est corroborée par un afflux record de 18 millions de visiteurs à fin novembre 2025, un chiffre historique qui dépasse déjà le total de l’année 2024 entière, comme le confirme le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire.

Simultanément, les flux d’IDE ont enregistré une progression spectaculaire de 28,2 %, atteignant 45,4 MMDH, témoignant d’un regain de confiance des investisseurs internationaux dans le potentiel et la stabilité de l’économie nationale.

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En contrepoint, d’autres sources traditionnelles de devises ont contribué de manière plus modérée. Les exportations, bien que croissantes, n’ont progressé que de 2,6 %, tandis que les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont connu une hausse contenue de 1,5 %. Cette configuration, mise en lumière par les analyses de Bank Al-Maghrib, souligne une diversification réussie des leviers de croissance, où le secteur des services et l’attractivité du capital étranger prennent une importance prépondérante.

Une trajectoire de consolidation sur la dernière décennie

L’analyse de la trajectoire des réserves sur dix ans révèle une transformation profonde des équilibres extérieurs du Maroc. Avec une augmentation de près de 140 % depuis octobre 2014, où les réserves s’élevaient à 180 MMDH, le pays a manifestement changé d’échelle. Cette évolution n’a pas été linéaire, traversant une phase de léger recul entre 2016 et 2018, suivie d’une reprise qui s’est spectaculairement accélérée en 2020. Paradoxalement, la crise sanitaire mondiale a renforcé les avoirs extérieurs, grâce à une contraction des importations et à la mobilisation de financements internationaux.

La période 2021-2024 fut celle d’une consolidation progressive, avant que l’année 2025 ne marque un nouveau tournant, propulsant les réserves vers des sommets historiques. Cette accumulation stratégique dote aujourd’hui le Maroc d’un matelas de sécurité substantiel, capable de couvrir plus de cinq mois d’importations de biens et services, renforçant ainsi la souveraineté économique du Royaume.

Les projections de Bank Al-Maghrib suggèrent que cette tendance positive devrait se maintenir, avec des réserves qui pourraient atteindre 434,5 MMDH d’ici fin 2026. Cet optimisme repose sur des fondamentaux solides, notamment la reprise anticipée des exportations industrielles. Le secteur automobile, en particulier, devrait connaître un rebond de 20 % en 2026, consolidant la capacité du Maroc à générer des devises par son appareil productif.

Parallèlement, les recettes touristiques et les transferts des MRE devraient conserver leur dynamique positive, assurant un flux structurel de devises. Dans ce contexte, la solidité des réserves de change n’est plus seulement un amortisseur conjoncturel ; elle s’affirme comme un pilier central de la stabilité macroéconomique du Royaume, offrant à la banque centrale une marge de manœuvre appréciable pour naviguer dans un environnement mondial complexe et pour asseoir la crédibilité du dirham à long terme.

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