COP30 – Climat : l’urgence d’une mobilisation africaine
Bien que l’Union Africaine essaie de prendre les devants avec des politiques à l’échelle continentale pour limiter les effets du réchauffement climatique, les pays africains tardent à avoir l’autonomie financière pour mener à bien leurs stratégies environnementales.
Les pays africains doivent prendre en main une partie de leurs préoccupations climatiques. A l’heure où la communauté internationale ou plutôt les grands pays pollueurs tardent à tenir leurs promesses sur le financement du climat, de plus en plus de voix appellent les pays africains à se mobiliser. Se mobiliser pour financer eux-mêmes leurs projets en rapport avec le climat.
Il est vrai que cela paraît injuste, car les plus grands pollueurs, responsables, en partie du réchauffement climatique, doivent réparer les dégâts qu’ils provoquent.
C’est d’ailleurs dans ce sens que l’Accord de Paris lors de la COP21 en 2015 avait tout son sens, puisqu’il poussait les pays développés à reconnaître leurs responsabilités et à mettre la main à la poche afin de compenser les pays pauvres, qui subissent les impacts de leurs activités économiques et industrielles. Mais, voilà qu’exactement 10 ans après la conclusion de cet Accord de Paris, on peine toujours à tenir cette promesse.
Ouragans africains
Au même moment, la dégradation de l’environnement se poursuit. Le réchauffement climatique s’accélère, puisque de nouveaux records de chaleur continuent d’être enregistrés à travers le monde. Et, fait très rare, des vagues de chaleur simultanées déferlent sur la planète.
Cela sans parler de la multiplication des incendies de forêts, enregistrés de façon très surprenante, dans des pays habituellement connus pour leur climat glacial comme le Canada. Selon les météorologues, le phénomène El Nino, qui accélère le réchauffement et la hausse de la température des océans, semble désormais s’installer. Conséquences : un risque de hausse du nombre de tempêtes, de cyclones, d’ouragans et autres typhons, comme on en voit habituellement sur les Caraïbes et aux Etats-Unis. Plus intrigant encore, l’Afrique commence à avoir ses rendez-vous annuels avec ces phénomènes naturels destructeurs.
C’est le cas notamment en Afrique australe. Des pays comme le Mozambique ou encore Madagascar sont désormais les trajectoires macabres et destructeurs de ses tempêtes et autres ouragans. Moins préparés que les pays développés, ces Nations africaines paient le prix fort en termes de pertes humaines et matérielles.
Urgence
La réalité est donc là, l’Afrique subit les conséquences du réchauffement climatique. Cela sans parler des pluies diluviennes et leurs lots d’inondations et de destruction du peu d’infrastructures qui existent dans certains pays, notamment dans la région sahélienne. Tout cela, oblige les pays africains à réagir.
Malheureusement, tout semble indiqué que le réflexe qui prédomine à ce jour est de toujours penser aux financements extérieurs pour faire face au réchauffement climatique.
En tout cas, c’est ce que l’on a tendance à comprendre à travers le plaidoyer des dirigeants de nombreux pays africains. Ce qui n’est certainement pas la meilleure façon de réagir face à l’urgence climatique. C’est dans ce contexte que de plus en plus de voix appellent à un sursaut africain pour prendre ce problème à bras le corps, et pour préserver l’avenir du continent.
Projets
Cette réaction africaine, qui ne dispense pas les pays industrialisés de leurs responsabilités, passe par une mobilisation des Etats et du secteur privé africain. D’ailleurs, la Banque africaine de développement (BAD) en fait une de ses priorités du moment.
Déjà, dans la déclaration finale des 58e assemblées annuelles de la BAD qui se sont tenues en 2023 à Charm El Cheikh sous le thème «Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique», les gouverneurs ont exhorté les partenaires de la banque à mener des efforts pour combler le déficit annuel de financement climatique du continent.
Celui-ci s’élève à environ 213,4 milliards de dollars. C’est énorme. Et il ne sera possible de le mobiliser qu’avec la contribution du secteur privé africain. D’ailleurs, pour le secteur privé africain, c’est une belle occasion de se positionner sur un créneau d’avenir.
Après avoir raté le train de l’industrialisation, les acteurs privés africains doivent faire preuve d’ingéniosité et d’anticipation pour investir massivement dans les énergies renouvelables et les projets environnementaux. A n’en pas douter, ce sont des projets porteurs, qui permettront de réaliser d’une pierre deux coups. S’adapter au réchauffement climatique tout en réussissant à faire du business.
Energie durable : Du cash pour le Fonds africain
Le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA) du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), un fonds spécial multidonateurs géré par l’institution panafricaine de développement, a obtenu de nouveaux engagements d’investissement de près de 50 millions d’euros.
Le financement est destiné à renforcer la mise en œuvre de l’initiative «Mission 300» et à accélérer l’action climatique dans le secteur énergétique sur le continent. Les engagements des gouvernements allemand et italien ont été annoncés lors d’un événement parallèle organisé le 14 novembre 2025 à la Conférence des parties sur les changements climatiques (COP 30) qui s’est tenu à Belém, au Brésil.
L’Allemagne fournira 14 millions d’euros pour soutenir l’objectif d’accès universel à l’énergie du Fonds pour l’énergie durable en Afrique, et 30 millions d’euros pour son nouveau programme d’hydrogène vert, reflétant l’importance stratégique de ce secteur émergent pour la décarbonation et le développement industriel de l’Afrique. L’Italie a également annoncé une nouvelle contribution de cinq millions d’euros.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO

