Economie

Le Maroc attire l’intérêt du géant asiatique E Fund

Le Maroc s’apprête à franchir une nouvelle étape financière, à l’heure où l’un des plus influents gestionnaires d’actifs d’Asie présente désormais le Royaume comme une porte d’entrée stratégique vers le continent africain.

Le Maroc a renforcé sa place parmi les économies émergentes en accueillant, à Rabat le 15 novembre 2025, l’un des principaux gestionnaires d’actifs d’Asie, représenté par Carter Shi, directeur du développement du groupe chinois E Fund.

Cette présence est intervenue lors du congrès annuel de l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains, alors que le Royaume met en œuvre une réforme de grande ampleur destinée à élargir et moderniser son industrie de la gestion d’actifs.

L’entreprise chinoise, qui administre près de 550 milliards de dollars d’actifs et occupe le premier rang des fonds communs de placement en Chine et à Hong Kong, examine désormais la possibilité d’une implantation au Maroc à moyen terme.

L’entretien accordé au média Asharq en marge du congrès éclaire les motivations du géant asiatique. Carter Shi affirme percevoir une dynamique solide au sein du marché marocain, expliquant que le secteur « connaît une croissance continue et avance vers un avenir très prometteur ».

Le directeur souligne que la réforme introduite en octobre 2025 au Maroc — un cadre rénové autorisant notamment la création de fonds indiciels cotés (ETF) — a posé un jalon important pour l’évolution du marché. Il estime qu’elle ouvre la voie à l’émergence des ETF, de produits compatibles avec la finance islamique ainsi que des fonds libellés en devises étrangères, éléments susceptibles d’influer durablement sur sa structuration.

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Ces instruments ouvrent, selon lui, une nouvelle étape qui élargit l’espace d’action des gestionnaires d’actifs et offre aux investisseurs un environnement plus flexible.

L’industrie marocaine de la gestion d’actifs se situe aujourd’hui autour de 80 milliards de dollars, soit près de la moitié du produit intérieur brut, un niveau qui attire naturellement les opérateurs internationaux. Carter Shi explique que l’introduction des nouveaux mécanismes facilitera un processus de libéralisation progressive du marché marocain, puisque ces outils donneront aux gestionnaires et aux opérateurs une marge de manœuvre élargie pour développer de nouveaux produits.

Il affirme également que ces évolutions représentent « un potentiel important pour l’ensemble des participants » et qu’elles inscrivent le Royaume dans une trajectoire où les marchés deviennent plus ouverts et plus accessibles.

La nouvelle porte d’entrée d’E Fund vers l’Afrique

La délégation d’E Fund a choisi Rabat pour une première visite destinée à établir des contacts formels avec les autorités de régulation, la Bourse de Casablanca et les sociétés de gestion marocaines. Carter Shi indique que l’objectif initial consiste à construire un réseau de coopération, puisqu’il explique vouloir « établir un pont entre les deux marchés » avant d’envisager une présence locale.

Il évoque ensuite la possibilité d’une entrée plus directe sur le marché marocain, précisant qu’elle pourrait se concrétiser « à moyen terme » une fois les premiers mécanismes de collaboration installés.

L’entreprise chinoise possède une expérience de vingt-cinq ans et s’appuie sur une stratégie d’expansion sur les marchés internationaux. Carter Shi décrit le rôle du Maroc en le comparant à la fonction occupée par Hong Kong en Asie. Il explique que le Royaume constitue « une fenêtre permettant aux investisseurs internationaux d’accéder au continent africain » et en même temps « une ouverture pour les acteurs africains souhaitant s’intégrer aux marchés mondiaux ». Cette analyse confirme l’intérêt stratégique d’E Fund pour une implantation au départ du Maroc, avec l’ambition de déployer ensuite ses activités sur les marchés africains.

Le groupe développe déjà des partenariats dans la région MENA, notamment en Arabie saoudite avec Riyadh Capital, ainsi qu’aux Émirats arabes unis, au Qatar et à Oman. Carter Shi précise que la prochaine étape consistera à renforcer la présence de l’entreprise dans la région tout en favorisant l’arrivée de produits financiers adaptés aux besoins locaux. Il mentionne également son ambition de renforcer l’attractivité de l’entreprise auprès des clients institutionnels et privés, ce qui impliquera le développement de produits dédiés aux marchés visés par E Fund.

L’intérêt manifesté à Rabat s’inscrit dans une conjoncture où le Maroc mobilise la finance pour accompagner ses grands chantiers, qu’il s’agisse des infrastructures liées à l’organisation de la Coupe du Monde 2030, de l’extension des aéroports, de la modernisation ferroviaire, des programmes portuaires ou de la montée en puissance des unités de dessalement. Le pays cherche à élargir le rôle de la gestion d’actifs dans le financement de ces projets structurants. L’analyse de Carter Shi appuie cette orientation puisqu’il considère que le Maroc possède des bases solides pour attirer des flux d’investissement internationaux.

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