Une jeunesse en colère, une classe politique en déroute
Partout dans le monde, les manifestations de la jeunesse expriment un malaise profond mais montrent que le pays est vivant. Le Maroc n’échappe pas à cette réalité universelle. La différence est que notre pays, solide et debout, possède les ressources pour canaliser cette énergie et la transformer en force de progrès. Mais encore faut-il que la classe politique se montre à la hauteur.
Or, que voyons-nous aujourd’hui ? Une majorité gouvernementale minée par les rivalités internes, où chaque parti cherche d’abord à sauver sa propre image et à jeter la braise aux autres. Au lieu d’assumer collectivement la responsabilité des décisions et des résultats, ces formations donnent l’image d’un gouvernement éclaté, chacun taillant le « bilan » à sa convenance. Cette attitude est non seulement malsaine, mais aussi périlleuse, car elle creuse un peu plus la fracture entre citoyens et politiques.
Le plus inquiétant est ailleurs : dans les rangs de l’opposition, où certains partis attisent sciemment la colère des jeunes pour en faire un outil politique. De vieux loups et louves de la scène partisane, usés et discrédités, tentent de s’approprier cette révolte qu’ils n’ont jamais su encadrer. Ayant perdu la confiance des Marocains depuis longtemps, ils veulent arracher à la jeunesse son énergie pour l’injecter dans leurs propres calculs. Une récupération dangereuse, qui menace de transformer une colère légitime en un champ de bataille partisan, avec le risque de plonger le pays dans des guerres politiciennes stériles.
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Il faut le dire clairement : les partis portent une grande responsabilité dans cette situation. Ils n’ont jamais joué pleinement leur rôle de formation, d’accompagnement et d’encadrement de la jeunesse. Trop souvent, ils ont choisi l’instrumentalisation, le silence ou l’indifférence. Le vide ainsi créé nourrit aujourd’hui la défiance et fragilise l’ensemble du système partisan.
La leçon est simple : détourner la colère vers un seul camp pour protéger les autres est une illusion. Quand la rue explose, c’est toute la classe politique qui tremble. Si les responsables veulent éviter un rejet global à savoir ce fameux « qu’ils s’en aillent tous ! », ils doivent cesser les jeux égoïstes et admettre que leur survie politique dépend d’une gouvernance solidaire et adulte.
L’heure n’est plus à l’anarchie des calculs et des règlements de compte mais à la maturité collective. La jeunesse marocaine ne demande qu’à être écoutée et considérée. Si la politique retrouve enfin son sens, cette colère pourra devenir un moteur d’avenir plutôt qu’un fardeau.