Economie

Casablanca débat d’un avenir industriel vert et compétitif

Lors du « Vision Global Impact Local Innovation Day » à Casablanca le 30 septembre 2025, un panel d’experts a exploré comment concilier croissance industrielle et ambition Net Zero. Les intervenants ont mis en lumière les stratégies, innovations et leviers financiers qui permettent aux entreprises et aux États de transformer durablement leurs industries tout en réduisant leur empreinte carbone.

Le panel sur la durabilité et la performance industrielle a réuni des personnalités influentes telles qu’Esther Finidori, Chief Sustainability Officer de Schneider Electric, Houda Bouchara, directrice développement chez Cluster ENR Maroc, Abdel-ileh Chouar, responsable Innovation chez LafargeHolcim Maroc, et Mamoun Tahri-Joutei, directeur business intelligence et sustainability à la Bank of Africa. Les interventions ont permis de dresser un panorama riche des initiatives et stratégies qui allient croissance industrielle et transition énergétique.

Pour Esther Finidori, l’innovation technologique ne peut se concevoir isolément : elle doit s’inscrire dans un écosystème industriel élargi. Schneider Electric collabore avec un réseau de partenaires industriels et technologiques pour codévelopper et exploiter des infrastructures complexes, en mettant l’accent sur la transition énergétique. L’entreprise investit également dans capital-risque afin de soutenir les technologies à grande échelle et les services essentiels à la transition énergétique. Esther Finidori souligne que la transformation énergétique, particulièrement en Asie, ne se limite pas à la technologie : elle implique aussi la coordination et l’interopérabilité des systèmes industriels existants. Elle met également en avant l’importance des réseaux décentralisés et mini-réseaux, capables de fournir de l’électricité dans des zones isolées, illustrant ainsi le potentiel social et industriel de l’innovation.

Pour sa part, Houda Bouchara a mis en avant le Maroc en tant que modèle de développement stratégique dans le domaine des énergies renouvelables (ENR). Le pays bénéficie de coûts énergétiques compétitifs, offrant un avantage aux entreprises locales et internationales, telles que le cimentier Cimentis, qui fonctionne entièrement à l’électricité renouvelable. Cette situation ouvre des opportunités d’exportation vers l’Europe et d’autres marchés mondiaux, tout en renforçant l’indépendance énergétique nationale. Selon Houda Bouchara, la réussite du Maroc repose sur la combinaison d’une politique publique favorable, d’investissements privés ciblés et d’une ambition claire de décarbonation. Elle a également souligné l’importance de technologies complémentaires, comme le stockage d’énergie et les solutions avancées de gestion énergétique, pour garantir la fiabilité et la durabilité de l’industrie.

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Industrie lourde : Entre maîtrise des ressources et neutralité carbone

Du côté de l’industrie lourde, Abdel-ileh Chouar a rappelé que la décarbonation représente la transformation la plus profonde que l’automobile et la cimenterie ont connue depuis plusieurs décennies. Dans un pays comme le Maroc, où 90 % de l’énergie consommée par l’industrie automobile est déjà décarbonée, il souligne l’importance de la maîtrise de l’eau et de l’énergie. Les processus industriels modernes, très énergivores, nécessitent un cadre législatif et environnemental solide pour capter le carbone et optimiser l’usage des ressources. Son analyse démontre que performance industrielle et durabilité ne sont pas contradictoires : elles se renforcent mutuellement lorsque technologies, pratiques et régulations sont alignées.

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Mamoun Tahri-Joutei a abordé le rôle des institutions financières dans la transition industrielle. Il a présenté des mécanismes basés sur la blockchain pour faciliter le financement de projets énergétiques et industriels, tout en réduisant les risques liés à la trésorerie et à la maturité des investissements. Le cas de l’entreprise Leogas montre comment des solutions financières adaptées permettent de concilier performance économique et efficacité énergétique. Il a également rappelé l’impact de l’État marocain, qui a investi 10 milliards de dirhams sur une période de neuf ans, générant plus de 1 200 emplois et favorisant l’émergence de projets industriels verts. Ces mécanismes financiers constituent un levier clé pour accélérer l’innovation, l’industrialisation et la compétitivité sur le plan international.

Vers une approche écosystémique de la performance industrielle

En outre, plusieurs enseignements ont émergé de ce panel : la durabilité industrielle ne se limite pas à la réduction des émissions ; elle nécessite une approche intégrée mêlant technologie, réglementation, finance et impact social. La collaboration entre entreprises, investisseurs et gouvernements est essentielle pour déployer des solutions à grande échelle, que ce soit à travers des mini-réseaux, des clusters d’innovation ou des mécanismes financiers avancés. Enfin, compétitivité économique et durabilité sont indissociables : un coût faible de l’énergie renouvelable et des technologies performantes permet de réduire l’empreinte carbone tout en renforçant la performance industrielle sur le marché mondial.

Le panel a également souligné que l’industrie du futur sera interconnectée, intelligente et durable. Les défis sont autant techniques qu’organisationnels et financiers. Les entreprises doivent adopter une approche écosystémique, les États soutenir l’investissement et l’innovation, et les technologies doivent être intégrées de manière cohérente pour créer de la valeur économique et environnementale. Dans ce contexte, le Maroc apparaît comme un laboratoire exemplaire, alliant ressources naturelles, vision stratégique et cadre réglementaire favorable, capable de servir de modèle pour d’autres économies en transition.

Réconcilier croissance industrielle et ambition Net Zero est non seulement possible, mais nécessaire. Les exemples de Schneider Electric, du Cluster ENR Maroc, de LafargeHolcim et des initiatives financières innovantes démontrent que l’interaction entre innovation technologique, politique énergétique et mécanismes financiers peut transformer durablement l’industrie. La transition vers une industrie durable n’est plus une option : elle constitue désormais un impératif stratégique, économique et social. Les entreprises et États qui sauront anticiper ces changements et investir dans les solutions adéquates seront les leaders de demain, capables d’allier performance économique et responsabilité environnementale.

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