Ces territoires oubliés qui pourraient devenir les piliers de demain
En 2025, les villes moyennes du Maroc, longtemps perçues comme des territoires oubliés, s’affirment désormais comme des piliers essentiels du développement national. Portant une dynamique nouvelle, elles incarnent un enjeu majeur dans la répartition territoriale, l’aménagement urbain et la croissance économique du Royaume. Alors que le Maroc déploie d’importants chantiers, notamment en lien avec la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la préparation de la Coupe du Monde 2030, l’attention portée à ces villes illustre la volonté d’une croissance plus équilibrée et d’un désenclavement des régions.
Le pays connaît une transformation urbaine majeure : d’ici 2050, 81 % de la population vivra en milieu urbain, contre 71 % aujourd’hui, selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ce mouvement ne se concentre plus uniquement sur les grandes métropoles comme Casablanca ou Rabat, mais s’appuie aussi sur un réseau d’environ 25 villes moyennes, souvent chefs-lieux provinciaux, qui jouent un rôle structurant dans le maillage territorial national. Ces villes génèrent à elles seules jusqu’à 80 % de l’activité productive et 75 % des emplois, ce qui témoigne de leur poids économique considérable.
Pour soutenir ce développement, un vaste programme d’aménagement industriel et urbain a été lancé. De nombreuses villes moyennes comme El Jadida, Tiznit, Béni Mellal, Nador, Ouarzazate ou Berrechid bénéficient d’investissements importants visant à créer des zones industrielles, moderniser les infrastructures et développer des équipements publics adaptés. L’objectif est clair: offrir dans ces territoires des alternatives attractives à la migration vers les grandes agglomérations, favoriser la création d’emplois industriels et tertiaires et valoriser les ressources régionales. Ces initiatives participent ainsi à un désenclavement progressif des provinces et à une meilleure intégration économique des territoires.
Vers un urbanisme durable et inclusif
Dans ce cadre, la volonté est également de faire de ces villes des espaces urbains plus humains et durables. L’urbanisation y est pensée pour allier habitat, activités économiques et services, avec des projets innovants tels que des écoquartiers intégrant l’énergie solaire, la mobilité verte ou la gestion durable des déchets. Par exemple, autour de Fès, des logements sociaux modulables connectés à des réseaux de transports électriques traduisent cet engagement pour un urbanisme écologique adapté aux besoins actuels.
Lire aussi : Collectivités sous pression : Le ministère de l’Intérieur passe à l’offensive
Le renforcement des villes moyennes joue un rôle clé dans la redistribution démographique et socio-économique. D’après les spécialistes, ces villes attirent un nombre croissant de populations rurales en quête d’opportunités, contribuant ainsi à désengorger les grandes métropoles et à favoriser un développement territorial plus équilibré. Cette dynamique positive est par ailleurs soutenue par la modernisation des infrastructures de transport : routes rénovées, liaisons ferroviaires renforcées et accès aéroportuaires optimisés facilitent la circulation des personnes et des marchandises, augmentant l’attractivité de ces villes pour les échanges et les investissements.
Cette stratégie territoriale s’inscrit dans une perspective à long terme. Selon des études, d’ici 2050, la population urbaine marocaine devrait atteindre environ 35 millions d’habitants, avec un rythme d’urbanisation plus maîtrisé, où la croissance annuelle passerait de 1,6 % à 0,7 %. L’intégration réussie des villes moyennes dans ce processus permettra un développement plus harmonieux et la réduction des disparités régionales. Ces villes deviennent ainsi des laboratoires d’expérimentation sociale et urbaine, où modernité et tradition se conjuguent pour offrir un cadre de vie attractif tout en stimulant la croissance économique. L’État envisage ces territoires comme des moteurs capables d’accompagner la diversification économique, mêlant industrie, tourisme, services et agriculture modernisée.
CAN 2025 et Mondial 2030 : Des leviers pour l’aménagement du territoire
Parallèlement à ce développement des villes moyennes, le Maroc investit massivement dans des infrastructures majeures pour la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030. Plus de 120 projets sont en cours, portant sur la construction et la rénovation de stades dans les villes hôtes, la modernisation des routes, aéroports et réseaux ferroviaires, avec un budget global dépassant les 150 milliards de dirhams. Ces investissements bénéficieront également aux villes moyennes, grâce à une meilleure accessibilité et attractivité territoriale, renforçant ainsi leur rôle dans la dynamique nationale.
L’été 2025 est un moment clé où ces chantiers, sportifs et urbains, convergent pour générer un impact direct sur l’économie locale, l’emploi et le tissu social. Cette coordination entre projets nationaux et développement territorial illustre la stratégie marocaine d’un développement inclusif, qui exploite chaque espace pour bâtir un avenir durable.