Economie

Le FNSRMP appelle à une reprise contrôlée des actifs de la SAMIR

Sept ans après la mise à l’arrêt de la SAMIR, le Front pour la sauvegarde de la raffinerie tire la sonnette d’alarme et réclame une mobilisation immédiate pour sauver un pilier essentiel de la souveraineté énergétique marocaine. Pour autant, il alerte sur la crise sociale actuelle qui secoue les travailleurs et la ville de Mohammedia.

Cela fait maintenant sept ans que la Société Anonyme Marocaine et Italienne de Raffinage (SAMIR), pilier historique de l’industrie pétrolière au Maroc, a cessé toute activité. Ce 14 juillet, à l’occasion de l’anniversaire de la création du Front National pour la Sauvegarde de la Raffinerie Marocaine de Pétrole (FNSRMP) en 2018, ce dernier publie un rapport sévère, révélant les racines profondes de ce gâchis national.

Créée en 1959, la Société Anonyme Marocaine de l’Industrie du Raffinage (SAMIR) a longtemps été perçue comme un pilier de l’indépendance énergétique du Royaume. Nationalisée en 1973, l’entreprise assurait jusqu’à 80 % des besoins nationaux en produits raffinés. Sa privatisation en 1997, présentée alors comme une opportunité de modernisation du secteur, a toutefois marqué un tournant décisif dans son histoire industrielle.

Le Front National pour la Sauvegarde de la Raffinerie Marocaine de Pétrole (FNSRMP) considère que cette privatisation s’est déroulée dans des conditions peu transparentes. Dans ses rapports, le Front évoque un processus « opaque et inéquitable », pointant notamment l’absence de garanties de contrôle public sur un actif stratégique, particulièrement lors de la cession à Corral Petroleum, groupe saoudien devenu actionnaire majoritaire. Cette opération aurait été menée « en violation des règles élémentaires de transparence économique et financière ».

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L’arrêt de la production en août 2015 constitue, selon le FNSRMP, l’aboutissement d’un cycle de dégradation progressive de la gestion de l’entreprise. Le groupe Corral est critiqué pour avoir « manqué à ses engagements initiaux », en particulier un plan d’investissement de 4,6 milliards de dirhams qui, selon le Front, n’a pas été concrétisé. Le mode de gestion est qualifié de « prédatrice », marqué par des pratiques que le Front décrit comme « irrégulières et préjudiciables à la pérennité de l’entreprise ».

L’ancien directeur général, Jamal Ba-Amer, est également mis en cause pour des conflits d’intérêts et des soupçons d’abus de biens sociaux. Des procédures judiciaires ont été engagées, tandis que le FNSRMP déplore l’absence de réaction des organes de régulation. Il estime que les autorités publiques n’ont pas exercé suffisamment leur rôle de supervision, évoquant notamment une « absence d’alerte ou de sanctions appropriées ».

Le rôle de la Direction des Douanes est également interrogé, dans la mesure où la dette douanière de la SAMIR a atteint 13,5 milliards de dirhams. Pour le FNSRMP, cette accumulation témoigne d’un « laissez-faire préoccupant », concentrant un risque important pour les finances publiques. Les cabinets d’audit KPMG et PwC ne sont pas épargnés : leurs évaluations successives sont critiquées pour avoir « omis de signaler les anomalies comptables récurrentes », malgré des signaux visibles dès 2013.

La liquidation judiciaire de la SAMIR en 2016 a eu, selon le Front, des conséquences économiques et sociales significatives. Le pays a perdu sa seule capacité de raffinage, devenant entièrement dépendant des importations d’hydrocarbures. Le FNSRMP estime que cette dépendance accentue la vulnérabilité du Maroc aux fluctuations internationales des cours du pétrole. Il observe également que la libéralisation des prix des carburants intervenue peu après s’est traduite par une hausse significative à la pompe, avec des marges de distribution multipliées par trois.

Sur le plan social, l’arrêt de la raffinerie a entraîné la suppression de plus de 800 emplois directs et 3 500 indirects, affectant durement l’économie de Mohammedia, ville historiquement liée à l’activité de la SAMIR. La dette globale de l’entreprise dépasse aujourd’hui les 40 milliards de dirhams, faisant peser une charge financière importante sur l’ensemble des créanciers.

Face à cette situation, le FNSRMP plaide pour une relance de l’activité de raffinage au Maroc, via plusieurs scénarios. Il a notamment porté deux propositions de loi, l’une pour le transfert des actifs de la SAMIR vers l’État, l’autre pour l’encadrement des prix des carburants. Ces textes ont toutefois été rejetés au Parlement. Le Front continue néanmoins à défendre d’autres pistes, allant de la gestion autonome par les salariés à une nationalisation encadrée, considérant qu’« aucune solution viable ne sera possible sans une décision claire des autorités compétentes ».

À l’occasion du septième anniversaire de la cessation d’activité, le FNSRMP a réitéré son appel à une prise de responsabilité politique. Il estime que « le temps n’est plus à la passivité », et que la relance de la SAMIR dépasse la seule question industrielle : elle s’inscrit, selon le Front, dans un impératif plus large de préservation de la souveraineté économique et énergétique du Maroc.

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