Economie

Les pluies tardives sans effet durable sur la sécheresse

Longtemps tributaire de la performance agricole, le Maroc s’appuie désormais sur une économie plus diversifiée et résiliente. Industrie, tourisme, transferts des MRE et gestion maîtrisée de la dette offrent au Royaume de nouveaux leviers pour faire face aux aléas climatiques, géopolitiques et financiers sans basculer dans la crise.

Il n’y a pas si longtemps, une mauvaise saison agricole suffisait à faire vaciller l’ensemble de l’économie marocaine. Une baisse du rendement des cultures entraînait un ralentissement des investissements, une inquiétude générale chez les acteurs économiques, et une tension budgétaire palpable. À cette époque, l’agriculture occupait une place centrale dans le produit intérieur brut (PIB) du pays, et toute variation climatique suscitait la crainte d’un retour aux politiques d’austérité des années 1980.

Mais aujourd’hui, ce schéma appartient au passé. Selon les médias, le Maroc a amorcé une profonde transformation de son tissu économique. Bien que le secteur agricole contribue encore entre 13 et 14 % du PIB, son influence a diminué au profit d’activités plus diversifiées et dynamiques. L’industrie automobile, l’aéronautique, l’agroalimentaire, les phosphates ou encore les services à l’export se sont imposés comme de véritables leviers de croissance. Cette diversification a renforcé la capacité du pays à faire face aux perturbations, en particulier celles liées au climat.

L’un des signes tangibles de cette nouvelle stabilité est la maîtrise du compte courant, dont le déficit devrait se limiter à -2 % du PIB en 2025. Ce niveau reste soutenable, surtout grâce aux solides réserves en devises détenues par Bank Al-Maghrib, estimées à 407 milliards de dirhams (environ 41 milliards de dollars) pour l’année prochaine. Le Royaume peut couvrir sans difficulté ses importations, estimées à 715,5 milliards de dirhams en 2024.

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L’énergie, poste historiquement sensible, continue de peser lourd, avec une facture de 114 milliards de dirhams en 2023. Mais là encore, la gestion est plus rigoureuse. Une variation d’un dollar sur le prix du baril impacte la balance des paiements de 500 millions de dirhams. D’où l’importance du contexte géopolitique international : la récente accalmie dans les relations entre Israël et l’Iran a été accueillie avec soulagement, en raison de ses répercussions positives sur les cours de l’énergie.

Autre élément de robustesse : la stratégie de gestion de la dette extérieure. En 2025, le Maroc devra rembourser 44,4 milliards de dirhams au titre du service de la dette. Ce montant a été anticipé et intégré dans une approche proactive de refinancement. En 2023, des opérations de couverture de taux et de change ont été réalisées pour un total de 46,9 milliards de dirhams, permettant d’optimiser le coût de la dette et de bénéficier de meilleures conditions sur les marchés internationaux.

Deux autres leviers essentiels viennent renforcer cette stabilité économique : les transferts des Marocains résidant à l’étranger et les recettes touristiques. Depuis 2022, les envois de fonds de la diaspora dépassent les 100 milliards de dirhams par an, atteignant 117,71 milliards en 2024, dont une grande partie est destinée à soutenir les familles au pays. En parallèle, le secteur touristique a rapporté 112,5 milliards de dirhams en devises cette même année, avec des perspectives de croissance prometteuses : les recettes devraient atteindre 128,4 milliards d’ici 2026, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib.

En somme, le Maroc a réussi à construire une économie plus équilibrée, moins exposée aux chocs externes et plus résiliente face aux défis de demain. Grâce à une gestion rigoureuse, une diversification des secteurs porteurs et l’appui de ressources stratégiques, le Royaume aborde les prochaines années avec davantage de sérénité et de maîtrise.

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