Des tendances contrastées selon le rapport annuel 2024 de la BAM
Le rapport annuel 2024 de Bank Al-Maghrib (BAM) sur les infrastructures des marchés financiers et les moyens de paiement, publié le 25 novembre 2025, dresse un tableau détaillé de l’écosystème financier marocain, marqué par un renforcement de la supervision, des avancées technologiques majeures et des dynamiques contrastées en matière d’incidents de paiement.
Conformément à sa mission fondamentale, Bank Al-Maghrib a intensifié ses efforts pour garantir la sécurité, la fiabilité et l’alignement des moyens de paiement avec les standards internationaux. L’année 2024 a été marquée par une mission de contrôle sur place auprès d’un établissement de paiement, axée sur des domaines systémiques tels que la gouvernance interne, la gestion des risques opérationnels et la sécurité des instruments de paiement.
En parallèle, un suivi rigoureux des recommandations émises lors des missions précédentes a été maintenu, consolidant ainsi le pilotage des risques et la détection précoce des vulnérabilités. Cette surveillance proactive s’est également étendue aux incidents et cas de fraude significatifs signalés au cours de l’exercice, témoignant de la vigilance accrue de l’institution.
Une avancée stratégique majeure a été la quasi-finalisation de la migration des cartes bancaires domestiques vers la norme internationale EMV (Europay Mastercard Visa). Avec un taux de migration atteignant 99,9 % à la fin de 2024, le parc bancaire national est désormais presque entièrement conforme à ce standard, ce qui renforce considérablement la sécurité des transactions et réduit les risques de fraude.
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Évolution contrastée des incidents de paiement
La Centrale des incidents de paiement, véritable baromètre du climat financier, a révélé des tendances divergentes entre les chèques et les lettres de change normalisées (LCN). Concernant les chèques, les incidents de paiement ont affiché une baisse encourageante. Le nombre de cas a diminué de 4,7 % pour s’établir à 488 000, tandis que leur montant a reculé de 3,8 %. Cette tendance positive est renforcée par un rebond spectaculaire des régularisations, qui ont progressé de 50,4 % en nombre pour atteindre 192 346 cas, et ont doublé en valeur, passant de 2,7 à 5,4 milliards de dirhams.
Cette dynamique suggère un effort accru de mise en conformité de la part des clients. Cependant, le rapport souligne la persistance d’un risque structurel. Fin 2024, près de 3,4 millions d’incidents n’étaient toujours pas régularisés, impliquant majoritairement des personnes physiques (73 % des cas). L’analyse par montant révèle un déséquilibre significatif : si les chèques de moins de 50 000 dirhams représentent 38 % des incidents, ceux de plus de 100 000 dirhams, bien que ne comptant que pour 6 % du nombre de cas, constituent 56 % de la valeur totale des impayés.
À l’inverse des chèques, la situation des lettres de change normalisées (LCN) s’est dégradée. Le nombre d’impayés a progressé de 5 % pour atteindre 618 000 incidents, et leur montant a bondi de 18 %, s’élevant à 39 milliards de dirhams. Plus préoccupant encore, les régularisations ont reculé de 18 % en valeur, indiquant une persistance des créances les plus importantes.
Cet instrument, majoritairement utilisé par les entreprises, présente une concentration du risque encore plus marquée que pour les chèques. Les créances supérieures à 100 000 dirhams ne représentent que 9 % du nombre d’impayés, mais concentrent 63,5 % du montant total, un enjeu suivi de près par la banque centrale. Le nombre de clients concernés par ces incidents a également augmenté, passant de 194 528 à 217 026 en un an.
Le dispositif d’écoute de Bank Al-Maghrib a traité 6 147 requêtes en 2024, principalement via son réseau de succursales. Ces interventions ont permis de lever 106 interdictions d’émission de chèques jugées injustifiées et de répondre à près de 6 000 demandes d’accès aux données personnelles, confirmant l’importance de ce service pour la protection des usagers.

