Access Bank et SaudiExim Bank, symboles de la montée en puissance de Casablanca Finance City
Le Maroc confirme son rôle de plaque tournante de la finance africaine. Après Standard Chartered, Access Bank prépare son implantation à Casablanca, tandis que SaudiExim Bank y est déjà présente. Portée par Casablanca Finance City, cette dynamique résulte d’une décennie d’efforts combinant stabilité, réformes et ouverture panafricaine. Le hub casablancais connecte désormais capitaux internationaux, projets africains et marchés européens avec une efficacité croissante.
Casablanca s’affirme comme le hub bancaire et financier que de nombreux observateurs anticipaient. Longtemps, Johannesburg, Lagos et Le Caire occupaient la première ligne de la carte financière africaine. Une stratégie soutenue par des réformes du cadre financier, une stabilité politique reconnue et une position géographique singulière a progressivement propulsé Casablanca Finance City (CFC) au rang de centre stratégique des flux d’affaires vers et depuis l’Afrique. L’intérêt affiché par Access Bank après l’implantation de Standard Chartered, de même que l’ancrage opérationnel de la Saudi Export-Import Bank, illustrent ce basculement.
Le modèle marocain repose sur une proposition de valeur lisible. CFC met en avant une plateforme sûre, conforme aux standards internationaux et connectée aux marchés africains et européens. La direction Stratégie de CFC souligne, dans ses communications officielles, une trajectoire visant à relier efficacement les capitaux internationaux au potentiel du continent. Cette orientation se traduit par un écosystème combinant cadre réglementaire modernisé, services d’accompagnement des investisseurs, fiscalité compétitive et environnement multilingue.
Les chiffres confirment la tendance. L’écosystème CFC regroupe plus de 200 entreprises membres, provenant d’une cinquantaine de pays, et intervient sur 115 marchés. Dans le Global Financial Centres Index, Casablanca domine la scène africaine depuis sept années consécutives, ce qui consolide sa crédibilité auprès des banques internationales, institutions financières, assureurs, gestionnaires d’actifs, cabinets de conseil et fintech. Si la montée en charge avait suscité des réserves à ses débuts, la place financière a, depuis, renforcé son attractivité et accéléré le rythme des implantations.
La montée en puissance s’explique aussi par l’ouverture à la finance verte et aux technologies financières, par l’alignement sur les standards ESG et par des passerelles structurées avec des places établies comme Singapour et Luxembourg. Des acteurs d’écosystèmes professionnels estiment que l’ensemble forme désormais une chaîne cohérente, articulant gouvernance proactive, cadre fiscal lisible, communautés d’expertise sectorielles et offre immobilière de qualité. Cette dynamique se double d’une intensification des synergies locales, notamment à travers un partenariat entre CFC Authority et la Région Casablanca-Settat visant à renforcer la visibilité internationale du hub et à lancer l’Africa Finance Institute, dédié au développement des compétences et à la recherche appliquée.
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Une stratégie panafricaine opérationnelle et coordonnée
L’implantation de SaudiExim Bank illustre la portée géoéconomique du hub casablancais. Cette présence consacre Casablanca comme point d’ancrage stratégique pour la diplomatie économique arabe tournée vers l’Afrique francophone et l’Afrique de l’Ouest. Le processus d’autorisation, conduit selon les standards internationaux, est présenté par les professionnels comme une double reconnaissance. D’une part, il confirme l’alignement du cadre réglementaire marocain avec les exigences de conformité. D’autre part, il confirme la capacité de Casablanca à orchestrer des flux d’export et d’investissement à l’échelle régionale.
Sur le terrain, la stratégie de SaudiExim s’inscrit dans une démarche panafricaine structurée. Des protocoles avec des institutions continentales, des lignes de crédit dédiées et des coopérations avec des banques d’export nationales, au Ghana comme en Guinée, donnent corps à une présence opérationnelle. Dans ce schéma, Casablanca tend à jouer le rôle de plaque de correspondance pour l’Afrique francophone et l’Afrique de l’Ouest, tandis que d’autres pôles comme Jeddah, Nairobi ou Johannesburg servent des aires linguistiques et commerciales complémentaires. Cette répartition des rôles consolide la position du Royaume dans la chaîne de valeur des financements transfrontaliers.
Du concept à l’impact, un hub qui concrétise les investissements
Au-delà des implantations emblématiques, la dynamique actuelle s’inscrit dans la convergence de deux visions. D’un côté, la Vision 2030 saoudienne cherche à augmenter les exportations non pétrolières et à diversifier les partenariats. De l’autre, l’ambition marocaine vise une intégration continentale renforcée. Les accords de libre-échange avec l’Afrique et les liens privilégiés avec l’Union européenne confèrent au Maroc un avantage de connectivité. Le Royaume se positionne ainsi comme passerelle naturelle entre capitaux internationaux, projets d’infrastructures africains et marchés européens, facilitant la syndication, la structuration et la distribution des financements.
Cette trajectoire s’appuie sur plusieurs piliers. La stabilité politique et institutionnelle, la prévisibilité réglementaire, la situation géographique au carrefour de l’Europe et de l’Afrique et l’implantation solide des banques marocaines sur le continent forment le socle. À cela s’ajoute une montée en gamme des services, avec un accompagnement administratif dédié, des dispositifs d’agrément, des guichets spécialisés, des hubs sectoriels en assurance, private equity et fintech, ainsi qu’une communauté d’affaires capable de mutualiser les compétences en conformité, gestion des risques, évaluation d’impact et finance climatique.
Casablanca dépasse désormais la fonction de place financière au sens strict. La métropole agit comme catalyseur d’échanges, accélérateur de projets et moteur d’intégration africaine. En agrégeant banques internationales, institutions de crédit à l’export, investisseurs et acteurs de la finance durable, le hub transforme l’intention en réalisations concrètes. L’enjeu consiste à mobiliser des capitaux à long terme, sécuriser des transactions complexes, structurer des chaînes de valeur régionales et accompagner les transitions énergétique et numérique.