L’Économiste

Amine Benchekroun : “Le Maroc pourra exporter de l’intelligence verte grâce à ses data centers”

Amine Benchekroun
VP Secure Power & Data Center – Schneider Electric

Les data centers connaissent un essor rapide, avec de nombreuses annonces de nouveaux projets. Quelle est votre vision de ce marché au Maroc et en Afrique ?
Les data centers sont aujourd’hui au cœur d’une transformation majeure. Leur développement est exponentiel et ils nécessitent énormément d’énergie. Le Maroc est bien positionné pour accompagner cette dynamique, puisqu’il produit déjà de l’énergie verte grâce à ses parcs éoliens et solaires. Notre ambition est claire : transformer les nouveaux data centers en infrastructures 100% green. C’est un enjeu essentiel pour l’empreinte carbone et un atout compétitif majeur pour les clients qui y hébergeront leurs données et applications sensibles. Chez Schneider Electric, nous répondons à cette exigence avec des technologies de pointe, notamment dans le domaine du liquid cooling.

Les densités de puissance des data centers augmentent fortement : alors qu’elles tournaient autour de 7 à 8 kW par rack, elles progressent aujourd’hui vers 40, 50, voire 250 kW avec l’essor des GPU. Cela implique un refroidissement intensif, et grâce à l’acquisition de Motive Power, leader mondial dans ce domaine, nous sommes désormais capables de refroidir directement CPU et GPU, tout en réduisant considérablement la facture énergétique.

Pourquoi le Maroc attire-t-il particulièrement les investisseurs dans ce secteur ?
Le Maroc dispose de plusieurs atouts décisifs. Sa position géostratégique est un avantage clé, grâce aux câbles sous-marins de fibre optique qui le relient à l’Europe et ouvrent des connexions vers l’Afrique subsaharienne.

Le pays bénéficie aussi d’un mix énergétique renouvelable robuste et d’un capital humain qualifié. Nous combinons ainsi un écosystème favorable, infrastructure réseau, disponibilité d’énergie verte et expertise locale. À cela s’ajoute une législation en évolution qui soutient la création de data centers, qu’ils soient destinés à l’intelligence artificielle ou à des usages souverains. Les récentes annonces de data centers nationaux vont dans ce sens et renforcent la souveraineté numérique tout en stimulant le développement technologique.

J’aime reprendre une formule entendue lors de l’événement : «Au lieu d’exporter uniquement de l’énergie verte, le Maroc pourra exporter de l’intelligence verte grâce à ses data centers». C’est une vision qui correspond parfaitement à l’ambition du Royaume : générer et exporter de la valeur ajoutée par la technologie.

Schneider Electric accompagne déjà de nombreux projets de data centers dans le monde. Comment transposez-vous cette expertise au Maroc et en Afrique ?
Notre savoir-faire est reconnu par les plus grands acteurs mondiaux, y compris les hyperscalers américains. L’expertise que nous avons développée à l’international nous permet d’apporter des solutions adaptées au contexte marocain et africain.

La demande pour les data centers connaît une croissance spectaculaire : nous parlons d’une multiplication par six dès l’année prochaine pour les infrastructures à forte densité, et par deux pour les data centers dits classiques. C’est une tendance exponentielle qui ne peut se faire qu’en intégrant les engagements climatiques.

Chez Schneider Electric, nous restons fermement attachés aux objectifs de l’Accord de Paris et à la décarbonation. Cela signifie que nous ne ferons aucun compromis : le développement des data centers au Maroc et en Afrique doit se faire directement en version «green», sans passer par des étapes intermédiaires polluantes. Nous allons aussi veiller à ce que nos partenaires et réseaux d’intégration locaux bénéficient de ces nouvelles technologies.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

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