« Semaine du Maroc » : plateforme du partenariat maroco-mauritanien
La tenue, du 24 au 30 avril 2025 à Nouakchott, de la première « Semaine du Maroc » représente une dimension géostratégique pour les deux pays alors que les relations bilatérales historiques entre le Maroc et la Mauritanie sont anciennes et marquées par une proximité géographique et culturelle, leur dimension économique reste encore timide comparée aux ambitions régionales de Rabat. Cette manifestation vise à combler cette lacune en combinant diplomatie culturelle et initiatives commerciales dans un contexte où la Mauritanie cherche à diversifier ses partenaires et le Maroc à consolider son rôle de hub africain.
Les deux pays partagent un socle culturel et religieux commun, renforcé par des accords de coopération signés dès les années 1960. Cette proximité politique s’est traduite par la création, en 2021, de l’Agence pour la Promotion de l’Investissement en Mauritanie (APIM), calquée sur le modèle de l’AMDIE marocaine, afin d’attirer les investisseurs étrangers et marocains en particulier.
Les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint 300 millions USD fin 2022, marquant une hausse de 58 % par rapport à 2020, selon Hamid Chabar, expert des relations maghrébines. Parallèlement, la croissance économique de la Mauritanie, portée par l’exploitation minière et les hydrocarbures, devrait s’établir à 4,3 % en 2024, avec des perspectives à deux chiffres en 2025 d’après le FMI.
Pilotée par l’ambassade du Maroc et l’Association Mountada Al Janoub, la Semaine du Maroc s’inscrit dans une stratégie diplomatique de « soft power » visant à renforcer la visibilité de Rabat auprès des décideurs mauritaniens.
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Ainsi, la coordination entre le ministère mauritanien du Commerce et le Secrétariat d’État marocain chargé du Commerce extérieur traduit une volonté politique de faciliter les procédures douanières et d’investissement, notamment via des accords de reconnaissance mutuelle des normes et certifications.
Dimension économique et financière
Sur un total de 52,7 milliards de dirhams d’échanges entre le Maroc et l’ensemble de l’Afrique en 2023, la Mauritanie en représente 3 milliards, soit près de 5,7 % du volume continental. Cependant, le Maroc demeure le premier investisseur africain en Mauritanie, présent dans les secteurs bancaire, des télécommunications, de l’agroalimentaire et de l’énergie, via des établissements tels que la CMIM ou Attijari Bank. La programmation de conférences dédiées à la coopération énergétique permettra d’explorer des projets de centrales solaires conjointes, en s’appuyant sur l’expertise marocaine acquise dans le cadre du Plan Solaire Marocain.
Pour la dimension socioculturelle, le dispositif scénographique, célébrant l’artisanat, la gastronomie et la poésie, sert d’outil de consolidation des liens sociétaux, en mobilisant la diaspora marocaine et les acteurs culturels mauritaniens. En outre, des veillées poétiques et concerts seront autant d’occasions de créer un vivier de relations interpersonnelles, vecteur de confiance nécessaire à la réalisation de partenariats d’affaires pérennes.
En 2024, les échanges Maroc–Brésil ont atteint 2,77 milliards USD, soit près de dix fois le volume bilatéral avec la Mauritanie, illustrant l’écart de réalité commerciale mais aussi la marge de progression possible pour Nouakchott.
Cependant, les initiatives régionales de la « Semaine du Maroc » fait écho à des opérations similaires menées par Rabat en Guinée ou au Sénégal, où ces forums ont permis d’accélérer la mise en œuvre de Memoranda of Understanding (MoU) et de projets pilotes dans l’agro-industrie. Cet événement facilitera la signature de contrats de fourniture et de joint-ventures dans l’agroalimentaire et les énergies renouvelables, via des rencontres B2B et B2G. En outre, il sera l’occasion de positionner Nouakchott comme plateforme logistique pour le corridor atlantique initié par le Maroc, en lien avec son « Initiative Atlantique ».