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Les partis affûtent leurs stratégies à l’approche du scrutin

À un an du scrutin, les formations politiques ouvrent le chantier de la réforme électorale dans un climat social tendu et marqué par les fragilités de la coalition gouvernementale. Certains observateurs notent que 2026 sera un scrutin à hauts risques pour la majorité. L’opposition quant à elle est en quête de souffle.

Les consultations engagées cette semaine entre les principaux partis marocains et le ministère de l’Intérieur donnent le coup d’envoi de la préparation des élections législatives prévues en 2026. Trois formations de premier plan – l’Istiqlal, le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) – ont déjà déposé ou finalisé leurs mémorandums sur la réforme du cadre électoral, témoignant de l’importance stratégique de ce cycle électoral.

Le Parti de l’Istiqlal, dirigé par Nizar Baraka, a soumis un document insistant sur les volets juridiques, éthiques et médiatiques du scrutin, appelant à un encadrement plus strict des financements politiques. Le PJD, qui cherche à reconquérir une place perdue en 2021 après une défaite historique (13 sièges contre 125 en 2016), a mis l’accent sur la transparence des procédures et l’équité d’accès aux médias. Le PPS, quant à lui, insiste sur une représentation accrue des femmes et des jeunes, ainsi que sur une modernisation des mécanismes de vote.

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Ces concertations interviennent alors que la coalition gouvernementale menée par le Rassemblement national des indépendants (RNI) traverse une phase délicate. Vainqueur des élections de 2021 avec 102 sièges à la Chambre des représentants, le parti dirigé par Aziz Akhannouch doit composer avec des alliés fragiles et des critiques persistantes sur la gestion économique et sociale.

L’inflation, retombée à 1,3 % en juin 2024 après un pic de 6,6 % en 2022 selon Bank Al-Maghrib, a laissé des traces profondes sur le pouvoir d’achat. La classe moyenne, qui représente près de 53 % de la population selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), demeure sous pression face à la hausse continue des prix des services, du logement et du transport. La promesse de généraliser la protection sociale et de créer 1 million d’emplois en cinq ans reste encore inachevée, nourrissant le scepticisme.

De leur côté, les partis d’opposition tentent de capitaliser sur ce mécontentement diffus. L’Istiqlal, membre de la majorité mais marqué par des tensions internes, se veut force de proposition pour peser dans les rééquilibrages à venir. Le PJD, affaibli mais toujours implanté localement, espère redorer son image auprès des électeurs désenchantés par les réformes impopulaires du précédent mandat. Quant au PPS, il cherche à consolider sa place d’« opposition constructive » en s’adressant particulièrement aux jeunes et aux milieux urbains.

Les élections de 2026 ne seront pas seulement un test pour la coalition en place, mais aussi un moment charnière pour la stabilité politique du pays. Les indicateurs macroéconomiques montrent une croissance encore fragile – 3,2 % prévue en 2025 selon les projections du HCP – et un déficit budgétaire estimé à 4,3 % du PIB. Dans ce contexte, la capacité du prochain gouvernement à maintenir la cohésion sociale et à poursuivre les réformes structurelles (retraite, fiscalité, investissement productif) sera déterminante.

Aujourd’hui la question centrale n’est pas seulement de savoir qui remportera les élections, mais si la future majorité pourra conserver la légitimité nécessaire pour mener des réformes douloureuses tout en répondant aux attentes sociales.

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