Economie

La dette des ménages atteint 427 milliards de dirhams, soit 27 % du PIB marocain

Pour de nombreuses familles, la rentrée scolaire est synonyme de pression financière, notamment pour celles qui inscrivent leurs enfants dans les établissements privés, les missions étrangères ou les écoles « homologuées ». Entre les frais de scolarité et les dépenses annexes – uniformes, fournitures, inscriptions aux activités parascolaires – les budgets familiaux sont mis à rude épreuve.

Cette pression financière pousse de plus en plus de ménages à recourir au crédit à la consommation, avec un pic notable entre mi-août et début septembre. Les banques et sociétés de financement enregistrent alors une forte hausse des demandes, un phénomène confirmé par les données recueillies par les médias économiques.

Les foyers les plus affectés appartiennent majoritairement à la classe moyenne dite « B- », catégorie définie par le Haut-Commissariat au Plan comme « vulnérable » : ni suffisamment pauvre pour bénéficier des aides sociales, ni assez aisée pour absorber sans difficulté les charges exceptionnelles. Leurs revenus, déjà largement absorbés par les dépenses incompressibles (logement, factures, alimentation), ne laissent qu’un « reste à vivre » souvent inférieur au seuil de sécurité financière recommandé par les banques, fixé à 30 % du revenu mensuel.

Les statistiques de Bank Al-Maghrib illustrent l’ampleur du phénomène. En 2024, sur 439.780 dossiers de crédit examinés, 32 % concernaient des ménages dont la dette dépasse 40 % du revenu mensuel. Plus de 37 % présentent un endettement compris entre 40 et 50 %, tandis qu’un quart se situe entre 50 et 60 %. Plus alarmant encore : 23 % dépassent la barre critique des 70 %, niveau jugé insoutenable par les autorités monétaires.

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Ce surendettement chronique engendre un cercle vicieux : dépassements de découvert, retards de paiement, accumulation de crédits pour rembourser des dettes antérieures. Les créances en souffrance atteignent aujourd’hui 44,5 milliards de dirhams, en hausse de 6,6 % sur un an. Le taux de défaut est particulièrement élevé pour les prêts à la consommation (13,9 %), nettement au-dessus de celui des crédits immobiliers (8,3 %).

Contrairement aux idées reçues, le phénomène ne touche pas seulement les foyers modestes. Les ménages percevant plus de 10.000 dirhams par mois concentrent 60 % des encours de crédit, mais avec un taux d’endettement moyen limité à 31 %. En revanche, les revenus intermédiaires – entre 4.000 et 10.000 dirhams – affichent des taux de 35 à 37 %, signe d’une pression plus marquée.

Les fonctionnaires restent les plus exposés avec un taux d’endettement moyen de 40,7 %, suivis des salariés du privé (31 %). Les retraités et professions libérales se situent autour de 31 %. Globalement, la dette des ménages a atteint 427 milliards de dirhams en 2024, dont 38 % sous forme de crédits à la consommation, un segment en hausse de 7,9 %, principalement alimenté par les sociétés spécialisées.

Avec 162 milliards de dirhams d’encours, le crédit à la consommation est devenu le moteur principal de l’endettement des ménages. Les durées d’emprunt s’allongent, la tranche de 5 à 7 ans représentant 38 % des prêts. Si cela permet de réduire les mensualités, le coût total du crédit s’en trouve considérablement augmenté.

Les autorités monétaires alertent désormais sur un ratio d’endettement représentant 27 % du PIB, un niveau supérieur à celui observé dans plusieurs pays émergents. Une tendance qui, si elle se poursuit, risque de fragiliser encore davantage la stabilité financière des ménages.

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