Les cabinets marocains confirment leur leadership régional
Le Maroc s’impose une nouvelle fois comme la principale place juridique d’Afrique francophone, selon l’édition 2025 du classement “African Law Firms Powerlist” publié par Africa Business+. Avec huit cabinets dans le palmarès, dont deux parmi les cinq premiers, le pays confirme sa capacité à structurer des opérations juridiques complexes à l’échelle continentale, dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, les infrastructures et le capital-investissement.
L’édition 2025 de l’African Law Firms Powerlist, rendue publique à Paris le 15 juillet par Africa Business+, consacre à nouveau la place centrale du Maroc dans le paysage juridique africain. Sur les 40 cabinets distingués pour leur activité en Afrique francophone, huit sont marocains, témoignant d’un écosystème en pleine consolidation. Deux d’entre eux — Bennani & Associés et Dentons Morocco — figurent dans le Top 5, aux côtés de structures basées en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Tunisie.
Le classement, fondé sur l’évaluation rigoureuse de plus de 1 450 dossiers juridiques, prend en compte des critères de complexité, d’impact économique, d’expertise sectorielle et de rayonnement géographique. Il reflète la montée en puissance d’une profession en mutation, de plus en plus sollicitée pour accompagner les transformations économiques, les restructurations industrielles, les investissements internationaux et les contentieux stratégiques.
Classé en tête de l’édition 2025, le cabinet Bennani & Associés s’impose comme le leader incontesté du droit des affaires en Afrique francophone. Fort d’un portefeuille de plus de 150 dossiers actifs dans 15 pays du continent, il a su bâtir une structure intégrée autour de son bureau de Casablanca, sous la direction de Mehdi M. Bennani. Ce dernier coordonne des opérations juridiques complexes pour le compte de groupes marocains et internationaux, notamment dans l’énergie, les infrastructures, les télécommunications, le capital-investissement, le droit de la concurrence et l’arbitrage international.
Au-delà de Bennani & Associés, d’autres cabinets marocains enregistrent une progression remarquée. Dentons Morocco, entité locale du cabinet international Dentons, s’est distinguée par sa participation à des transactions transfrontalières dans les services financiers et l’industrie. CMS Francis Lefebvre Maroc, Afrique Advisors, Gauvin & Raji ou encore Upsilon Legal apparaissent également dans le classement, illustrant la diversité et la maturité du tissu juridique national.
Ce positionnement marocain est le reflet d’un marché en structuration accélérée. Selon Julien Wagner, responsable du classement, « le marché du droit des affaires en Afrique francophone poursuit sa progression rapide. Les cabinets africains ont aujourd’hui la capacité de rivaliser avec les meilleures structures internationales sur des opérations complexes, en s’appuyant sur un ancrage local fort et une réelle expertise continentale. »
Lire aussi : Transition énergétique : le Maroc en tête de l’agenda africain
Le cas marocain illustre avec acuité cette évolution. Le droit des affaires y accompagne une économie ouverte, portée par des groupes en expansion sur le continent, et un environnement réglementaire en constante modernisation. La sophistication croissante des opérations — fusions-acquisitions, financements structurés, arbitrages multijuridictionnels — appelle une expertise de haut niveau, que les cabinets marocains ont su développer grâce à la combinaison d’une veille juridique rigoureuse, d’un recrutement ciblé et d’alliances stratégiques avec des firmes internationales.
Une diplomatie juridique au service de l’influence économique
La suprématie marocaine dans le classement des cabinets d’affaires africains ne relève pas uniquement d’une performance technique. Elle traduit une stratégie plus profonde : celle d’une influence régionale exercée par le droit, où la diplomatie économique s’appuie sur une ingénierie juridique sophistiquée.
Cette stratégie s’incarne d’abord dans l’accompagnement actif de l’expansion africaine des entreprises marocaines. Les cabinets juridiques du Royaume jouent un rôle de premier plan dans la sécurisation des investissements en Afrique subsaharienne, en facilitant la structuration des partenariats public-privé, en optimisant les montages contractuels, et en assurant une conformité dans des contextes multijuridictionnels complexes. Le juriste devient ainsi un acteur clé de la projection économique du Maroc sur le continent.
Par ailleurs, cette montée en puissance s’appuie sur une expertise particulièrement affinée dans les secteurs hautement régulés. Qu’il s’agisse du droit de l’énergie, de la fiscalité internationale, de la conformité réglementaire ou encore de l’arbitrage, les compétences des juristes marocains rivalisent désormais avec celles des grands cabinets européens. Leur avantage compétitif réside dans une double maîtrise : celle des normes globales et des spécificités juridiques propres aux marchés africains.
Enfin, cette diplomatie du droit trouve un terrain d’expression privilégié dans les grandes initiatives panafricaines. L’entrée en vigueur de la ZLECAf et la redéfinition progressive des normes commerciales africaines ont ouvert un champ stratégique dans lequel les juristes marocains se positionnent comme des contributeurs essentiels. En participant aux réformes et à l’élaboration des nouveaux textes continentaux, ils renforcent l’ancrage du Maroc dans les chaînes de valeur juridiques et économiques à l’échelle africaine.
La reconnaissance des cabinets marocains dans le Powerlist 2025 d’Africa Business+ traduit une reconfiguration du pouvoir juridique en Afrique francophone. En consolidant leur maillage continental, en intégrant des technologies juridiques (legaltech) et en développant des expertises de niche (cybersécurité, ESG, finance verte), ces acteurs contribueront à redéfinir les rapports de force sur un marché du droit en expansion.