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John Bolton, le moustachu qui voulait transformer le Sahara marocain en Las Vegas

On le croyait rangé dans les archives néoconservatrices, le voilà de retour, moustache au vent et idées poussiéreuses : John Bolton rêve d’offrir à Donald Trump un « jackpot » côtier sur l’Atlantique pour le convaincre d’effacer la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine, scellée le 10 décembre 2020. Casinos, hôtels, greens de golf : une fantasmagorie immobilière qu’il vend aux dirigeants du Polisario et d’Alger, comme si la diplomatie se jouait à la roulette.

Dans une interview accordée à El Independiente, l’ancien conseiller de sécurité nationale avait soufflé, avec un sérieux presque attendrissant, une idée aux responsables du Front Polisario et à leurs parrains d’Alger. Son plan qu’il détaille avec un aplomb désarmant est de concéder à la Trump Organization une bande sur le littoral atlantique propice, à ses yeux, à des complexes hôteliers et des casinos. Il évoque, sans sourciller, l’octroi d’une concession foncière susceptible d’« attirer l’attention » de Trump, qui pourrait alors « reconsidérer sa position sur la souveraineté du Maroc sur son Sahara ». Or actée le 10 décembre 2020, la décision d’État est lourde de sens et de continuité stratégique.

On peine à croire qu’un homme ayant siégé dans les arcanes de la première puissance mondiale puisse formuler une telle proposition avec le plus grand sérieux : substituer à la constance diplomatique un mécanisme de gratification personnelle, comme s’il suffisait de poser une moquette rouge sur le sable saharien pour faire vaciller une doctrine d’État. En clair, on troque la diplomatie contre des jetons de poker.

La vieille rengaine du référendum

Il faut dire que John Bolton ne digère toujours pas la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud. Il persiste donc à brandir le mirage d’un référendum d’autodétermination, enterré par l’ONU depuis deux décennies. Entre-temps, la communauté internationale a largement basculé vers l’initiative marocaine d’autonomie ; Washington, Paris, Madrid, Berlin, Abou Dhabi, Tel-Aviv et la majorité africaine l’appuient ouvertement. Mais l’ancien faucon recycle, inlassablement, ses antiennes des années 1990, répétant un refrain de moins en moins audible, à mesure que blanchit sa célèbre moustache.

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Pendant ce temps, dans son Sud, le Maroc ne se contente plus de discours. Il bétonne des ports en eaux profondes, déroule la voie express Tiznit-Dakhla, installe des zones industrielles et accueille une trentaine de consulats. Les investisseurs s’agrègent, les liaisons aériennes s’étoffent, les perspectives sahariennes se confirment. Là où Bolton imagine des enseignes lumineuses, Rabat pose des fondations et trace des corridors transcontinentaux. Autant de points d’ancrage pour une intégration économique africaine désormais assumée.

Et que dire de l’Algérie, sinon qu’elle persiste à confier son logiciel diplomatique à des figures extérieures, hors sol, sans ancrage ni influence réelle ? En misant sur les lubies d’un vétéran washingtonien sans mandat ni audience, Alger confesse son propre vide stratégique. Faute d’argument solide, on se réfugie dans une fiction déjà périmée.

Pour finir, John Bolton ne façonne plus la politique américaine ; il scénarise. Imaginer que l’on puisse racheter une proclamation présidentielle avec un lot de sable balnéaire, c’est confondre géopolitique et comptoir de bar. Le Maroc, lui, avance, calmement, méthodiquement, sûr de son horizon africain. Et le désert, chacun le sait, a ceci de salvateur : il fait disparaître les mirages à la première brise chaude.

Le spectacle est terminé. Les vraies lumières, désormais, s’allument à Dakhla, non dans les corridors assombris d’une nostalgie néoconservatrice.

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