Economie

l’OPEP+ relance sa production malgré les incertitudes sur la demande mondiale

Le cartel pétrolier semble privilégier une stratégie de conquête des parts de marché, quitte à exercer une pression baissière sur les prix dans un contexte mondial fragile.

Réunie ce week-end, l’alliance OPEP+ a décidé d’augmenter à nouveau sa production de pétrole, à hauteur de 548 000 barils par jour dès le mois d’août. Une décision plus audacieuse que prévu, qui rompt clairement avec la prudence observée ces derniers mois. Ce relèvement dépasse les hausses antérieures limitées à 411 000 barils par jour pour mai, juin et juillet, et à 138 000 barils en avril.

Malgré une demande mondiale incertaine et des marchés sous tension face à la perspective de nouveaux droits de douane américains, l’organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés affichent un cap résolument offensif. À contre-courant des préoccupations économiques mondiales, la stratégie de l’OPEP+ semble désormais guidée par une volonté de reconquête des parts de marché, notamment face à la production américaine.

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Depuis avril, l’OPEP+ a entamé une série de hausses de production progressives, rompant avec les coupes volontaires engagées depuis 2022. L’annonce de samedi ramènerait ainsi près de 80 % des 2,2 millions de barils par jour de réductions décidées initialement par huit membres du cartel, selon les analystes de RBC Capital dirigés par Helima Croft.

Cependant, sur le terrain, la hausse effective de l’offre reste en deçà des ambitions affichées. Jusqu’à présent, c’est surtout l’Arabie saoudite qui a porté l’essentiel de l’effort. Reste à voir si d’autres pays membres suivront le rythme annoncé.

Selon Goldman Sachs, une nouvelle augmentation de l’ordre de 550 000 barils par jour pourrait être officialisée lors de la prochaine réunion du cartel prévue le 3 août. De quoi, potentiellement, faire disparaître l’intégralité des coupes décidées au printemps, et faire basculer le marché vers un excédent d’offre.

Une demande mondiale fragilisée

Cette accélération de la production intervient dans un contexte mondial toujours tendu. La croissance globale reste fragile, lestée par les incertitudes commerciales et le ralentissement observé en Chine et en Europe. Surtout, l’administration Trump agite de nouveau le spectre d’une guerre commerciale.

Le président américain a annoncé que de nouveaux droits de douane seraient communiqués d’ici le 9 juillet, pour une entrée en vigueur dès le 1er août. Leur ampleur exacte reste inconnue, mais les marchés redoutent déjà un impact sur la demande mondiale en énergie. Si les mesures sont significatives, elles pourraient peser sur les exportations mondiales et ralentir la croissance, notamment dans les économies émergentes fortement dépendantes des importations de carburant.

À court terme, cette stratégie n’est pas sans risques. En faisant fi des tensions sur la demande et en relâchant massivement l’offre, l’OPEP+ expose le marché à une déstabilisation des prix. Ce lundi matin, les cours du Brent restaient stables, mais les analystes s’attendent à une pression baissière dans les prochaines semaines.

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