le Maroc face à un mur générationnel
Malgré les discours volontaristes et la multiplication des plans sectoriels, le Maroc peine à endiguer la montée du chômage, en particulier chez les jeunes, les femmes et les diplômés. Les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP) et du ministère de l’Insertion économique révèlent l’ampleur des fragilités d’un marché du travail profondément déséquilibré.
Treize ans après 2012, la situation de l’emploi au Maroc continue d’interroger. Selon les dernières données du ministère de l’insertion économique et du HCP, le taux de chômage des jeunes frôle les 37 %, celui des femmes dépasse 19 %, et celui des diplômés reste proche de 26 %. Autant d’indicateurs qui traduisent l’échec des politiques publiques à inverser durablement la tendance.
Le gouvernement Akhannouch, qui avait placé l’emploi au cœur de son agenda, affiche un bilan en retrait. Entre 2012 et 2024, le tissu urbain a certes gagné 908 000 emplois, mais le monde rural en a perdu plus de 700 000, principalement dans l’agriculture. Les femmes rurales, notamment, ont vu leur taux de participation chuter de 35 % à moins de 19 %.
Lire aussi : Finance islamique : Abdellatif Jouahri pour une coopération internationale renforcée
Le repli de l’activité agricole a été compensé partiellement par le secteur tertiaire (+1,1 million d’emplois), mais cette croissance reste insuffisante pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. Le chômage structurel persiste, y compris au premier trimestre 2025, où l’agriculture a encore détruit 72 000 postes.
Malgré un léger recul du taux de chômage global à 13,3 %, les déséquilibres restent profonds. Le Maroc peine à transformer ses créations d’emplois en inclusion sociale réelle. Le modèle actuel, centré sur les services à faible valeur ajoutée, ne répond pas à la demande de stabilité et d’égalité d’accès. Une réforme systémique, jusqu’ici repoussée, semble désormais inévitable.
Promu comme un gouvernement « de compétences » avec une forte orientation économique, le cabinet Akhannouch avait placé l’emploi parmi ses priorités. Mais les résultats, mesurés par le HCP, ne suivent pas. Le taux de création nette d’emplois annuel est inférieur à celui observé sous les gouvernements précédents. Et les inégalités d’accès au marché du travail se creusent, en particulier pour les jeunes femmes issues des zones rurales.
Le plan « Awrach », pourtant présenté comme un levier de relance inclusive, montre ses limites, notamment en termes de durabilité des postes créés. La dynamique d’investissement n’a pas encore irrigué l’ensemble du tissu économique, et les petites entreprises, premier réservoir d’emploi potentiel, restent confrontées à des contraintes d’accès au financement, à la commande publique et à la formation.