Brésil : feu vert du Sénat à la fin de la réélection présidentielle dès 2030
Le texte prévoit en contrepartie l’allongement des mandats électifs à cinq ans, contre quatre actuellement, pour l’ensemble des fonctions politiques du pays, tout en établissant un calendrier progressif de suppression de la réélection
Les maires élus en 2024 pourront ainsi encore briguer un second mandat en 2028, mais à partir de cette date, la reconduction sera interdite. Les gouverneurs et le président de la République pourront quant à eux se présenter une dernière fois à leur propre succession en 2030, sous réserve d’avoir été élus en 2026. Dès 2030, les nouveaux élus à ces fonctions ne pourront plus être réélus.
Les mandats des parlementaires (députés et sénateurs) ainsi que des conseillers municipaux ne seront pas affectés par cette interdiction : ces fonctions resteront ouvertes à la reconduction.
La proposition devra désormais être soumise au vote en séance plénière du Sénat, où elle devra obtenir l’appui d’au moins 49 des 81 sénateurs, en deux tours. Si elle est approuvée, la réforme devra encore passer par la Chambre des députés pour entrer en vigueur.
Adoptée en 1997, la règle autorisant la réélection immédiate avait permis au président Fernando Henrique Cardoso de briguer un second mandat en 1998. Vingt-trois ans plus tard, l’ancien chef de l’État a lui-même reconnu qu’il s’agissait d’« une erreur » et milite désormais pour la suppression de cet instrument.
Le rapporteur du texte, le sénateur Marcelo Castro, estime que cette réforme ouvrira la voie à un renouvellement politique plus dynamique et favorisera l’adoption de politiques publiques de long terme. « L’expérience accumulée en près de trente ans de réélection n’a pas correspondu aux attentes », a-t-il affirmé, dénonçant notamment « le biais électoraliste » qu’elle a, selon lui, induit dans la conduite des gouvernants.
La réforme approuvée prévoit également l’unification des scrutins : à partir de 2034, les élections municipales et générales se tiendront simultanément, tous les cinq ans. Cette modification vise à réduire les coûts organisationnels et à atténuer la perpétuelle effervescence électorale qui, selon ses partisans, nuit à la gouvernance.
« Organiser des élections tous les deux ans ne laisse aucun répit ni aux électeurs, ni aux candidats », a commenté Otto Alencar, président de la Commission, ajoutant que la succession politique occupe en permanence l’agenda national, au détriment de l’action gouvernementale.
La réforme touche également les mandats des sénateurs : leur durée passera progressivement de huit à cinq ans. Les sénateurs élus en 2026 siégeront pour huit ans, ceux de 2030 pour neuf ans, avant une harmonisation à cinq ans à partir de 2034. Dès 2039, l’ensemble des 81 sièges du Sénat sera renouvelé en bloc à chaque échéance électorale.
Enfin, la proposition modifie la durée des mandats des présidents de la Chambre des députés et du Sénat : deux présidences se succéderont au cours du mandat parlementaire de cinq ans, la première de trois ans, la seconde de deux ans, sans possibilité de réélection dans la même législature.
Le texte suscite un large consensus au sein de la classe politique, tous bords confondus, nombre de sénateurs jugeant que la réélection constitue un « mauvais choix » pour la démocratie brésilienne.