Economie

l’espoir pétrolier de Lagzira s’éteint avec le retrait de Genel Energy

C’est un coup d’arrêt brutal pour les ambitions pétrolières du Maroc sur la façade atlantique. La société britannique Genel Energy, dernier opérateur en lice sur le permis offshore de Lagzira, a discrètement mis fin à ses activités d’exploration. L’annonce, révélée par la presse spécialisée le 8 mai, est passée presque inaperçue à Rabat, mais elle illustre, une fois de plus, les limites du potentiel pétrolier marocain et les obstacles récurrents à la constitution d’une véritable filière nationale.

Le permis de Lagzira, situé au large de Sidi Ifni, avait pourtant tout d’un pari stratégique. Identifié comme l’un des blocs les plus prometteurs de l’offshore marocain, il abritait, selon les estimations publiées en 2018, pas moins de 18 prospects susceptibles de contenir jusqu’à 2,5 milliards de barils de pétrole. Des chiffres qui avaient nourri, un temps, les espoirs d’une découverte majeure, capable d’inscrire le Maroc sur la carte des producteurs d’hydrocarbures.

Mais après deux années de prospection, Genel Energy a donc décidé de tourner la page. Aucune annonce officielle, aucune donnée technique publique ne permettent pour l’heure de comprendre les raisons précises de ce retrait. Tout juste sait-on que la société a choisi de redéployer ses investissements vers d’autres zones jugées plus attractives, notamment au Somaliland, où elle détient la majorité des intérêts sur deux blocs exploratoires.

Ce désengagement ne fait que confirmer les difficultés persistantes rencontrées par le Maroc pour séduire durablement les opérateurs pétroliers internationaux. Malgré une volonté politique affichée de diversifier ses sources d’énergie, le Royaume peine à convaincre les majors et les compagnies indépendantes de parier sur son sous-sol, marqué par une forte incertitude géologique et l’absence de découvertes commerciales à grande échelle depuis des décennies.

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Le cas de Lagzira, après ceux de Tarfaya ou de Safi, souligne l’incapacité du Maroc à franchir le cap de l’exploration vers une production concrète. Si les campagnes s’enchaînent, elles laissent derrière elles une succession d’échecs ou de résultats jugés insuffisants par les investisseurs. Une réalité qui renforce la vulnérabilité énergétique du pays, toujours dépendant des importations pour couvrir la quasi-totalité de ses besoins en hydrocarbures.

Pour l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), ce retrait constitue un revers supplémentaire. L’établissement public se retrouve désormais seul à la manœuvre sur le permis de Lagzira. Un appel à partenaires pourrait être relancé, mais le contexte n’est guère favorable. Le contrat avec Genel Energy étant arrivé à échéance, toute reprise nécessiterait de nouvelles négociations, sans garantie d’attirer des acteurs de premier plan.

Ce nouveau revers intervient alors même que le Maroc mise sur une stratégie énergétique intégrée, articulée autour du développement des énergies renouvelables, du gaz naturel – avec le mégaprojet du gazoduc Nigeria-Maroc – et de l’industrialisation. L’émergence d’une filière pétrolière aurait permis de renforcer cette équation énergétique, mais l’échec de Lagzira rappelle la difficulté de bâtir une industrie pétrolière à partir d’une exploration encore trop aléatoire.

En attendant d’éventuelles nouvelles annonces, c’est donc une page qui se tourne, discrètement mais lourdement, pour le Maroc, qui devra sans doute encore patienter avant d’espérer voir se concrétiser son vieux rêve pétrolier.

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