Le Maroc en première ligne
Propulsé par l’essor du commerce international, dont la valeur mondiale devrait atteindre 35.000 milliards de dollars en 2025, selon la CNUCED, le Maroc se positionne comme un acteur africain majeur. Cette montée en puissance, soutenue par le nearshoring et des infrastructures performantes, se heurte cependant à des défis liés à la dépendance financière mondiale et à la diversification des exportations.
À l’aube d’une ère nouvelle pour le commerce mondial, dont les projections financières pour 2025 atteignent le seuil record de 35.000 milliards de dollars selon la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), le Maroc se trouve singulièrement positionné comme un acteur africain de premier plan. Dans un contexte d’expansion fulgurante du commerce international, particulièrement prégnant sur le continent africain, le Royaume incarne une exception notable, parvenant à capter les fruits d’une croissance tirée tant par la dynamique Sud-Sud que par les reconfigurations géostratégiques des chaînes de valeur mondiales.
L’attractivité marocaine ne saurait être un simple épiphénomène. Elle est le corollaire d’une stratégie délibérée et de la convergence de plusieurs facteurs structurels. D’une part, le pays bénéficie pleinement des nouvelles doctrines économiques du « nearshoring » et du « friendshoring », qui favorisent la relocalisation des investissements manufacturiers vers des nations géographiquement proches et politiquement stables.
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D’autre part, ses infrastructures logistiques de premier ordre, symbolisées par le complexe portuaire de Tanger Med, ainsi que ses accords commerciaux préférentiels avec des blocs économiques majeurs comme l’Union européenne, lui confèrent un statut de hub incontournable, véritable pivot entre l’Europe, l’Afrique et le reste du monde.
Néanmoins, ce tableau prometteur est assombri par des fragilités inhérentes au système commercial et financier international. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) met en lumière une dépendance systémique critique : plus de 90 % des échanges mondiaux reposent sur une architecture financière dont l’épicentre se situe dans les économies avancées. Cette hégémonie expose les nations émergentes, y compris le Maroc, à des chocs exogènes potentiellement déstabilisateurs. Un resserrement des conditions de crédit orchestré par la Réserve fédérale américaine ou une appréciation subite du dollar suffiraient à gripper les rouages du commerce international, et ce, même en présence d’une demande mondiale robuste.
À cette vulnérabilité externe s’ajoute un défi endogène de taille : la diversification de son tissu exportateur. Avec un indice de diversité de 1,8, bien en deçà de celui de nations comparables comme la Malaisie (2,8), le Maroc demeure excessivement tributaire de secteurs spécifiques tels que les phosphates et l’aéronautique, et de marchés géographiquement concentrés. Face à cette réalité, les injonctions de la CNUCED sont claires : il est impératif pour les pays du Sud de multiplier leurs partenariats, de promouvoir des mécanismes de règlement en devises locales et de renforcer l’attractivité de leurs projets d’investissement.

