Le Maroc comme partenaire de référence en Afrique
La nouvelle stratégie de sécurité nationale américaine redessine en profondeur l’approche de Washington en Afrique. Dans un contexte de recentrage sur des partenariats ciblés, l’investissement et la stabilité régionale, le Maroc s’impose comme un interlocuteur central, en phase avec les priorités sécuritaires et économiques définies par l’administration Trump.
Fait en novembre 2025, l’administration américaine a rendu public un document stratégique majeur, intitulé « National Security Strategy of the United States of America », signé par le président Donald Trump. Ce texte marque une inflexion nette de la politique américaine à l’égard de l’Afrique et redéfinit les priorités de Washington sur le continent.
L’approche fondée pendant des décennies sur l’aide, l’ingénierie idéologique et la présence prolongée cède désormais la place à une logique plus resserrée, orientée vers des partenariats ciblés, l’investissement productif et la sécurité régionale. Dans cette recomposition assumée, un pays s’impose naturellement comme interlocuteur central des États-Unis. Il s’agit du Maroc.
Le document américain est explicite sur le constat. Washington reconnaît que sa politique africaine a longtemps été guidée par « la diffusion de modèles idéologiques et par une assistance financière peu productive ». La nouvelle stratégie privilégie désormais la coopération avec un nombre limité d’États jugés capables de contribuer à la stabilité, d’ouvrir leurs marchés et de garantir un environnement propice aux investissements. Selon la même source, les États-Unis annoncent leur volonté de passer d’un paradigme d’aide à un paradigme fondé sur « le commerce, la croissance et la valorisation des ressources naturelles africaines », en particulier dans les secteurs de l’énergie et des minerais critiques.
Cette orientation s’accompagne d’une prudence sécuritaire clairement assumée. Washington entend rester vigilant face à la résurgence de l’extrémisme violent dans plusieurs régions du continent, tout en excluant toute présence militaire lourde ou durable. La priorité est donnée à des partenaires fiables, capables d’agir comme pôles de stabilité régionale sans dépendre d’un engagement américain direct.
Lire aussi : Mondial 2026 : le délai d’attente pour les rendez-vous de visa américain au Maroc réduit à 2 mois seulement
Le Maroc comme partenaire de référence en Afrique
La stratégie américaine de 2025 ne cite pas explicitement de pays africains par préférence politique. Elle décrit cependant un profil précis de partenaire. Dans ce cadre, le Maroc apparaît comme un acteur de premier plan. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le Royaume s’est imposé comme un partenaire constant et crédible dans la lutte contre le terrorisme.
Les services américains, y compris le commandement américain pour l’Afrique, ont reconnu à plusieurs reprises le rôle du Maroc comme acteur sécuritaire de référence. Les autorités marocaines ont démantelé des centaines de cellules terroristes, empêché de nombreuses attaques et adopté une ligne de fermeté totale face aux réseaux liés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Cette action s’inscrit dans une approche globale qui combine sécurité, prévention, encadrement religieux et formation.
Le Maroc ne se limite pas à un rôle national ; il co-préside le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, participe activement à la coalition internationale contre l’État islamique et accueille, chaque année, des centaines d’officiers étrangers dans ses académies militaires. Cette capacité à produire de la sécurité au-delà de ses frontières répond directement à la vision américaine d’un partenariat fondé sur la responsabilité régionale plutôt que sur l’assistance permanente.
La stabilité institutionnelle du Royaume renforce encore cette convergence stratégique. Dans un environnement marqué par les ruptures constitutionnelles, l’effondrement des partenariats occidentaux et l’expulsion des forces américaines de plusieurs pays, le Maroc offre un cadre prévisible.
Sa monarchie constitutionnelle, son système parlementaire et la continuité de ses politiques publiques constituent pour Washington un facteur de confiance essentiel. Dans la vision américaine, un État stable au nord du Sahara agit comme un rempart plus efficace contre l’extrémisme qu’un espace fragmenté livré aux rivalités armées.
Au-delà de la sécurité, la stratégie américaine met l’accent sur l’économie, l’énergie et les minerais critiques. Sur ce terrain, le Maroc occupe une position singulière. En effet, le Royaume détient les plus importantes réserves mondiales de phosphate, une ressource devenue stratégique dans les chaînes de valeur des batteries et de l’agriculture. Il est aussi le seul pays africain lié aux États-Unis par un accord de libre-échange, ce qui en fait une plateforme naturelle pour l’investissement américain vers l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient.