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Vers une recomposition des alliances autour du plan d’autonomie

Une recomposition progressive se dessine autour du conflit du Sahara. Le soutien explicite de Paris et de Washington au plan d’autonomie marocain de 2007, désormais présenté comme la seule base sérieuse et réaliste de règlement, accentue l’isolement diplomatique d’Alger et redessine les rapports de force régionaux. À l’approche du prochain Conseil de sécurité des Nations unies, prévu en octobre, la diplomatie saharienne connaît une phase de clarification sans précédent.

Le 30 juillet 2024, Emmanuel Macron a adressé un message à S.M. le Roi Mohammed VI dans lequel il affirmait que « pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le seul cadre à partir duquel ce dossier doit être résolu ». Une formulation qui tranche avec la prudence antérieure de Paris, qui se contentait jusque-là de qualifier l’initiative marocaine de « sérieuse et crédible ». En choisissant de la reconnaître comme unique base de solution politique, la France a franchi un pas symbolique mais aussi stratégique.

Les États-Unis avaient, bien avant Paris, adopté une ligne similaire. Le Département d’État a maintes fois répété que l’initiative de 2007 constituait la « seule base » de négociations « mutuellement acceptables ». Ce choix de vocabulaire – « sérieux, crédible et réaliste » – traduit une volonté de stabiliser un consensus occidental autour de la proposition marocaine.

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Face à cette évolution, Alger a réagi avec virulence. Le ministère algérien des affaires étrangères a exprimé son « regret profond » et sa « vive dénonciation » de la position française, jugée « contraire au droit international ». Le ministre M. Ahmed Attaf a promis des mesures destinées à « exprimer le rejet de la France prenant une telle orientation », qu’il considère « dangereuse pour la région ».

En retour, le Maroc accuse son voisin de s’enfermer dans une « obsession malsaine » autour du Sahara. À New York, l’ambassadeur M. Omar Hilale a dénoncé des discours « fondés sur de fausses revendications » plutôt que sur des propositions constructives.

Vers une marginalisation des alternatives

L’évolution des positions occidentales s’inscrit dans une logique de consolidation d’un front diplomatique favorable à Rabat. Elle tend à marginaliser les autres options, notamment le référendum d’autodétermination ou l’hypothèse d’une indépendance complète, qui apparaissent de moins en moins viables aux yeux des acteurs internationaux.

Cette dynamique n’est toutefois pas exempte de conditions. Pour transformer son plan en véritable feuille de route politique, Rabat devra fournir un calendrier et des modalités précises de mise en œuvre. Faute de tels éléments, l’initiative, même reconnue, pourrait rester au stade de principe théorique.

Plusieurs perspectives se profilent à court et moyen terme. La première réside dans un resserrement du front franco-américain, qui pourrait entraîner d’autres pays européens et réduire les marges de manœuvre des partisans d’une autre issue. Une seconde hypothèse verrait l’Algérie se replier sur ses positions, au risque de s’isoler davantage et de fragiliser ses alliances régionales. Enfin, un troisième scénario repose sur le rôle de l’ONU et de son envoyé spécial, Staffan De Mistura, dont les prochains rapports pourraient orienter la nature même du processus politique.

Cette convergence de positions occidentales marque un moment décisif. Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à réexaminer le dossier, la donne diplomatique semble plus claire qu’auparavant : les soutiens au plan marocain se multiplient, tandis que les oppositions se crispent. L’issue n’est pas encore écrite, mais la recomposition en cours laisse entrevoir une nouvelle phase du conflit, où le réalisme diplomatique tend à supplanter les postures idéologiques.

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