OCP et Peregrine Hydrogen innovent dans la co-production d’hydrogène vert et d’acide sulfurique
Le groupe OCP s’allie à la start-up américaine Peregrine Hydrogen pour déployer une technologie de co-production d’hydrogène vert et d’acide sulfurique. Cette innovation, intégrée directement dans la filière des engrais, vise à réduire les coûts, limiter les émissions de CO₂ et positionner le Royaume comme un acteur majeur de l’hydrogène propre.
Le groupe OCP, leader mondial des phosphates, vient de franchir un cap stratégique en signant une lettre d’intention avec la start-up américaine Peregrine Hydrogen. Ce partenariat vise à intégrer une technologie novatrice de co-production permettant de générer à la fois de l’hydrogène vert et de l’acide sulfurique, deux produits clés pour la production d’engrais et d’autres secteurs industriels. L’accord ne se limite pas à un simple transfert de technologie : il incarne une volonté commune d’accélérer la transition énergétique et de réduire l’empreinte carbone d’industries historiquement très émettrices de gaz à effet de serre.
La technologie au cœur de cette alliance repose sur un processus d’électrolyse à double sortie conçu par Peregrine. Contrairement aux méthodes classiques, qui produisent uniquement de l’hydrogène vert à partir d’électricité renouvelable, associe, dans un même système, la production d’hydrogène vert à celle d’acide sulfurique. Pour l’OCP, qui utilise massivement cet acide dans la transformation des phosphates, cette intégration apporte une réponse immédiate à deux besoins industriels tout en réduisant les coûts opérationnels. Aujourd’hui, l’hydrogène nécessaire à la production d’engrais provient majoritairement du reformage du gaz naturel, un procédé qui émet entre 9 et 12 kg de CO₂ pour chaque kilo d’hydrogène produit. En optant pour une alternative propre, OCP entend à la fois verdir sa chaîne de production et sécuriser ses approvisionnements face aux incertitudes du marché mondial de l’énergie.
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L’accord intègre également une clause d’achat des volumes d’hydrogène et d’acide sulfurique produits, un élément qui offre à la start-up une visibilité commerciale et financière renforcée. Pour l’entreprise américaine, ce type d’engagement constitue souvent un levier décisif pour réduire les incertitudes liées au financement et démontrer le potentiel industriel de sa technologie. Les porteurs du projet estiment d’ailleurs que la combinaison d’une innovation en co-production et de l’expertise d’un acteur industriel comme l’OCP crée des conditions favorables pour atteindre rapidement une compétitivité avec les procédés traditionnels.
Au-delà de la production d’engrais, cette technologie pourrait trouver des applications dans d’autres industries à forte intensité énergétique. La métallurgie, le raffinage pétrolier ou encore le traitement du gaz naturel figurent parmi les secteurs pressentis pour bénéficier de cette innovation, car tous utilisent massivement l’hydrogène et l’acide sulfurique. Des projets pilotes sont déjà envisagés afin d’évaluer la faisabilité technique et économique de cette intégration dans ces filières, souvent considérées comme les plus difficiles à décarboner.
Pour l’OCP, ce partenariat s’inscrit dans une stratégie de transition énergétique déjà bien amorcée. Le groupe s’est engagé à couvrir 100 % de ses besoins électriques industriels par des énergies renouvelables d’ici 2030, à atteindre l’autonomie hydrique et à réduire de moitié ses émissions directes et indirectes d’ici la fin de la décennie. L’objectif ultime reste la neutralité carbone à l’horizon 2040, un engagement qui positionne OCP parmi les leaders mondiaux de la décarbonation industrielle.
L’implantation de cette technologie au Royaume, à proximité des sites miniers et industriels, offrirait un double avantage : réduire les délais de mise en œuvre et consolider la place du pays comme hub régional pour l’hydrogène vert. Dans un contexte où la transition énergétique devient un facteur clé de compétitivité et d’influence géopolitique, ce partenariat entre l’OCP et Peregrine Hydrogen apparaît comme une étape décisive pour concilier performance industrielle et impératifs environnementaux.