Economie

le pari industriel et biotechnologique d’Anouar Invest

Le groupe Anouar Invest a lancé, mardi 10 septembre, les travaux de sa nouvelle unité AYA (Anouar Yieldest Additives), spécialisée dans la production de levures et d’améliorants alimentaires. Ce projet de 480 millions de dirhams ambitionne de hisser le Maroc au rang d’acteur régional dans la biotechnologie appliquée à l’agro-industrie.

Au cœur de la zone industrielle de Jorf Lasfar, la cérémonie officielle, présidée par plusieurs membres du gouvernement, a marqué l’ouverture d’un chantier industriel qui illustre l’articulation entre stratégie industrielle, sécurité alimentaire et innovation biotechnologique. L’usine, dont la mise en service est prévue pour 2027, produira trois gammes de produits stratégiques : levure fraîche, levure sèche et améliorants alimentaires.

Avec une capacité initiale de 25 000 tonnes par an, extensible à 58 000 tonnes, le site entend répondre à la demande nationale, tout en orientant 30 % de sa production vers l’export. En s’appuyant à 95 % sur des matières premières locales, principalement la mélasse issue de la filière sucrière, l’usine s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, réduisant les déchets agricoles et générant une nouvelle chaîne de valeur.

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Le projet mobilise 480 millions de dirhams, financés par un consortium bancaire dirigé par CDG Capital aux côtés du CIH Bank. L’usine s’étendra sur 7,1 hectares, dont 28 700 m² couverts, et devrait générer plus de 500 emplois directs et indirects. Conformément aux ambitions nationales en matière de transition énergétique, 40 % de l’approvisionnement électrique sera issu d’énergies renouvelables, réduisant l’empreinte carbone du site.

Les autorités y voient un jalon dans la stratégie industrielle du Royaume. Le ministre de l’Industrie, Ryad Mezzour, a estimé que « ce chantier illustre parfaitement la dynamique d’industrialisation que connaît le Maroc et la confiance des investisseurs nationaux dans le potentiel de notre économie ».

De son côté, le ministre de l’Agriculture Ahmed El Bouari a souligné l’articulation avec la stratégie Génération Green, en mettant en avant la valorisation de la mélasse comme illustration d’une synergie entre l’amont agricole et l’aval industriel.

La biotechnologie comme levier d’internationalisation

En intégrant la Nouvelle Charte de l’Investissement, le projet AYA traduit la volonté de bâtir une industrie nationale compétitive tournée vers l’international. Omar Hejira, secrétaire d’État au Commerce extérieur, a insisté sur le rôle de l’unité comme moteur d’intégration du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales.

Pour El Hachmi Boutgueray, PDG d’Anouar Invest, « AYA est pensé comme un projet tourné vers l’avenir, capable de créer de la valeur ajoutée et des emplois qualifiés au service de notre pays ». Cette stratégie s’inscrit dans une tendance plus large : l’industrialisation du Royaume se tourne désormais vers des segments à forte valeur ajoutée, rompant avec une dépendance exclusive aux industries extractives ou manufacturières traditionnelles.

Le chantier obéit à un calendrier serré : après l’acquisition du terrain et les études techniques en 2022, puis la signature de la convention d’investissement en février 2025, la construction démarre en septembre 2025. La première production est attendue pour 2027, suivie d’une phase d’expansion prévue en 2029, destinée à accroître la capacité et l’ancrage international du projet.

Au-delà de l’impact économique local, le lancement d’AYA illustre la montée en puissance du Maroc dans un secteur stratégique : la biotechnologie appliquée à l’agro-industrie. À terme, il pourrait contribuer à consolider la position du pays en tant que hub régional, tout en renforçant sa souveraineté alimentaire et son intégration dans les circuits commerciaux mondiaux.

Questions/Réponses avec Saad Bennani, directeur général du projet AYA

Comment est-ce qu’elle est eue, comment elle s’est construite de base, déjà ?

Saad Bennani : Alors, l’idée, c’est que moi, j’étais déjà directeur général d’une unité qui produit de la levure. Et j’en avais discuté avec le président du groupe dans les années 2016-2017. Le projet a mûri, il a pris du temps. Et c’est à partir de 2022 que nous sommes entrés dans une phase de réalisation.

Cette phase de réalisation n’a pas été prise à la légère. Nous avions des atouts, des arguments solides. Nous sommes un groupe industriel dans l’âme, avec l’industrie inscrite dans notre ADN. Nous disposons d’un circuit de distribution d’une force incroyable, qui permet d’assurer vingt mille visites par jour, ce qui est impressionnant.

Cela nous donne une force de frappe extraordinaire. Ensuite, vous avez un groupe ambitieux, en recherche d’opportunités pour lancer un projet. Je leur ai donc présenté l’idée, ils l’ont acceptée, et nous avons démarré avec l’aide de Dieu.

Du coup, ce projet est en collaboration avec le ministère du Commerce et de l’Industrie au Maroc, c’est bien ça ?

Alors, on peut dire que le ministère a été un excellent support. Mais il n’est pas partie prenante du projet. C’est un partenaire, un facilitateur, qui nous a permis de lever beaucoup d’obstacles et qui continuera à nous aider à en surmonter.

Aujourd’hui, c’est le lancement du projet. Est-ce que vous avez un deadline de travaux, une estimation de finalisation ?

Nous allons démarrer la production mi-2027.

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