L’Économiste

L’activité en mode transformation digitale

Applications mobiles, plateformes en ligne et fintechs offrent aujourd’hui des solutions rapides, personnalisées et accessibles. Cette mutation séduit particulièrement les jeunes générations et les familles tout en redéfinissant les contours de l’inclusion financière dans le Royaume.

Le marché du crédit à la consommation au Maroc connaît une transformation profonde sous l’impulsion de la digitalisation. Les parcours bancaires traditionnels ne sont plus les seuls points d’accès au financement. Et pour cause, le Maroc est engagé depuis plusieurs années dans un processus de bancarisation croissante et dans l’essor des services financiers numériques. Entre 2017 et 2024, la proportion d’adultes disposant d’un compte bancaire est passée de 29% à 58%, une progression significative qui favorise le développement de solutions digitales.

Parallèlement, l’usage des services bancaires en ligne ou via mobile s’est fortement intensifié, avec plus de 14 millions d’utilisateurs actifs. En 2024, les transactions par carte en point de vente ont connu une forte croissance, atteignant 226 millions d’opérations pour une valeur de 93 milliards de dirhams, soit une hausse de 17% en nombre et 13% en valeur par rapport à 2023.

Le paiement mobile, moins répandu, connaît une croissance à deux chiffres. Ces tendances reflètent l’appétence des Marocains, notamment des jeunes urbains, pour des services financiers instantanés, accessibles et sécurisés.

Les fintechs, pionnières du crédit digital
Suivant la même tendance, Bank Al-Maghrib a mis en place en 2019 un guichet unique pour les fintechs, soutenant près de 90 jeunes entreprises actives dans les paiements et les transferts. Cette dynamique est renforcée par des structures comme CDG Invest ou 212Founders, qui contribuent à la constitution d’un écosystème fintech innovant et mature. Parmi les initiatives marquantes, la startup Alya a introduit au Maroc le concept de Buy Now, Pay Later (BNPL), permettant un paiement fractionné sans frais pour les consommateurs.

Selon son fondateur, Brahim Zaid, Alya pourrait augmenter le panier moyen jusqu’à 50%, tout en favorisant l’inclusion financière. L’entreprise, qui utilise des techniques de scoring avancées pour limiter les risques de surendettement, bénéficie d’un cadre réglementaire approuvé par Bank Al-Maghrib. Sofac, acteur majeur du crédit à la consommation, a lancé CREDIZ, une plateforme entièrement digitalisée couvrant l’ensemble du processus, de la demande à la décision en ligne. Cette initiative répond aux attentes d’une clientèle de plus en plus connectée et désireuse d’un parcours utilisateur fluide et rapide. Attijariwafa bank a quant à elle intégré l’intelligence artificielle dans ses processus pour affiner le scoring, détecter les fraudes et proposer des offres sur mesure.

Cette approche data-driven permet de réduire les délais, de diminuer les coûts opérationnels et d’améliorer la pertinence des solutions de financement. Parallèlement, des institutions comme Banque Populaire, via Yalla Xash, ou CFG Bank, avec DabaPay, proposent des portefeuilles mobiles ou des comptes virtuels facilement accessibles, notamment aux jeunes non bancarisés. Le nombre de portefeuilles mobiles (M-Wallets) a dépassé les 10 millions en 2023, avec des transactions avoisinant les 2,1 milliards de dirhams, témoignant d’une adoption croissante de ces services.

De nouvelles exigences
La convergence de la transition digitale, de l’essor du mobile et de l’innovation fintech positionne le Maroc comme un leader régional du crédit à la consommation digitalisé. Pour les jeunes et les familles, cette évolution se traduit par un accès plus simple, plus souple et plus sûr aux solutions de financement. Les fintechs jouent un rôle clé en apportant réactivité, personnalisation et ouverture, tandis que la régulation encadre et sécurise l’ensemble.

Le défi désormais est d’assurer que cette révolution profite à tous, des grandes villes aux zones rurales, tout en préservant la sobriété financière. L’équilibre entre inclusion et responsabilité demeure la clé d’un succès durable. Les Millennials et la Génération Z, au statut de prescripteurs pour leurs familles, recherchent avant tout des expériences numériques simples, fluides et intuitives.

Pour ces utilisateurs, une application doit être ergonomique et efficace, faute de quoi elle perd rapidement de son intérêt. Les solutions comme Alya ou CREDIZ accompagnent également les familles en facilitant l’accès à des achats essentiels, tels que les fournitures scolaires et les produits technologiques, de manière budgétairement raisonnée.

De plus, les fintechs et opérateurs comme Inwi Money ou Chaabi Bank permettent aux populations des zones rurales d’accéder aux services financiers sans avoir à se déplacer. Le développement du nano-crédit pourrait constituer une avancée majeure dans ce domaine, même s’il reste encore peu exploité.

Malgré ces avancées, certains freins persistent. L’interopérabilité des systèmes, l’accès limité aux données bancaires et un taux de bancarisation encore insuffisant constituent des obstacles à l’essor du crédit digital. La régulation joue un rôle essentiel pour structurer et sécuriser le marché.

Bank Al-Maghrib soutient activement les fintechs via des sandboxes et le guichet unique, tandis que le Morocco Fintech Center, lancé en 2025, vise à structurer l’écosystème en offrant incubation, financement et mise en réseau aux startups. L’accès facilité au crédit digital stimule la consommation mais pouvant également accroître le risque de surendettement, le scoring intelligent, la régulation stricte et les programmes d’éducation financière deviennent des musts.

Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO

Continuer la lecture

Bouton retour en haut de la page