Le ministère de l’Intérieur passe à l’offensive
Une vague de destitutions et de départs secoue les communes. Plusieurs élus et cadres territoriaux fuient le pays face aux enquêtes sur des irrégularités graves. Entre sanctions administratives et poursuites pénales, le ministère de l’Intérieur impose un assainissement radical, marquant la fin de l’impunité au niveau local.
La tempête souffle toujours sur les collectivités territoriales. L’opération d’assainissement engagée par le ministère de l’Intérieur ne se contente plus de destituer ou de suspendre des responsables : elle provoque une véritable fuite en avant. Plusieurs présidents de communes et cadres territoriaux ont quitté le Royaume ces dernières semaines, officiellement pour des vacances ou des raisons familiales, mais beaucoup auraient en tête un départ définitif.
Ce phénomène ne touche pas uniquement les élus déjà sanctionnés. Dans les coulisses, d’autres responsables, informés que leur tour viendrait bientôt, ont choisi de prendre les devants. Espagne, États-Unis ou autres destinations lointaines : le voyage se veut discret, parfois camouflé derrière un motif médical ou une inscription universitaire à l’étranger.
Pourquoi une telle panique ? Les dossiers transmis aux juridictions spécialisées sont lourds. Selon les médias, les audits et inspections menés sur le terrain mettent au jour des pratiques de gestion locale particulièrement alarmantes : détournements présumés de taxes sur les terrains non bâtis, octroi d’autorisations économiques en dehors de tout cadre légal, falsifications de documents d’urbanisme en connivence avec des promoteurs immobiliers, ou encore attribution de marchés publics dans des conditions jugées opaques et répétitives au profit des mêmes entreprises.
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La liste des irrégularités ne s’arrête pas là. Des anomalies concernent également la collecte des recettes fiscales, des contrats de travaux publics et des chantiers d’aménagement où les sociétés exécutantes ont dû justifier, sous pression, la provenance des matériaux et des équipements utilisés.
Les sanctions administratives déjà prononcées ne sont qu’une première étape. La dimension pénale est désormais pleinement engagée. Les rapports de l’Inspection générale de l’administration territoriale, fondés sur l’article 64 de la loi organique des collectivités territoriales, ont été transmis à la Brigade nationale de la police judiciaire. Les procureurs des Cours d’appel, via leurs sections financières et économiques, approfondissent les enquêtes.
Plusieurs dossiers portent sur des constructions illégales et l’exploitation de projets sans autorisation dans des zones particulièrement réglementées. Ces affaires symbolisent un mal plus profond : une culture de l’impunité et de la connivence qui mine depuis longtemps la gouvernance locale.
La fermeté affichée par les autorités traduit une volonté claire : rétablir la confiance citoyenne et imposer des règles du jeu transparentes au niveau communal. L’opération de moralisation ne fait que commencer et devrait se poursuivre par de nouvelles destitutions dans les prochaines semaines, y compris dans des collectivités déjà touchées par des exclusions.
Au-delà des individus impliqués, c’est toute la crédibilité de la gestion publique locale qui est en jeu. Le message envoyé est sans ambiguïté : le temps de l’impunité est révolu et les élus devront désormais rendre des comptes.