Economie

Des locomotives économiques face à des régions en difficulté

Dans un contexte de régionalisation avancée, le Maroc continue d’affiner son modèle de développement territorial. Pourtant, à la lecture des derniers comptes régionaux publiés par le Haut-Commissariat au Plan, les écarts entre les régions se creusent, révélant une concentration de la richesse nationale autour de quelques pôles moteurs, au détriment de vastes zones en difficulté.

Casablanca-Settat maintient son rang de centre névralgique de l’économie nationale, représentant 31,4 % du PIB et plus du quart de la consommation des ménages. Toutefois, cette position dominante masque une dynamique ralentie : en 2022, la croissance y plafonne à 0,2 %. À l’opposé,  Rabat-Salé-Kénitra affiche une vitalité remarquable, avec une progression de 5,2 %, portée par l’essor des services publics et privés, qui structurent 65 % de son économie régionale.

Plus au nord, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma confirme son rôle stratégique en tant que hub industriel et logistique de premier plan. Le port de Tanger Med, véritable moteur de connectivité maritime, figure parmi les plus importants d’Afrique. Couplé à des projets structurants comme la Cité Mohammed VI Tanger Tech, il renforce l’attractivité de la région et son ancrage dans les chaînes de valeur mondiales, notamment dans les secteurs automobile, textile et technologique.

Marrakech-Safi, quant à elle, bénéficie d’un dynamisme touristique soutenu, affichant une croissance régionale de 4,6 % en 2022. La ville de Marrakech, véritable locomotive économique et culturelle de la région, concentre à elle seule près d’un tiers des nuitées touristiques enregistrées au niveau national. Cette attractivité favorise l’essor d’importants investissements dans les infrastructures hôtelières, les services de transport, l’événementiel et les équipements urbains, consolidant ainsi la position de la région comme l’un des principaux pôles touristiques du Royaume.

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Souss-Massa enregistre la croissance régionale la plus élevée du pays, avec un taux de 7,5 %, porté par une agriculture d’exportation dynamique, notamment les fruits et légumes. La région mise également sur une stratégie de diversification économique axée sur le développement industriel, le tourisme durable et l’essor des énergies renouvelables.

Mais à côté de ces locomotives économiques, certaines régions peinent à s’inscrire dans une trajectoire de développement durable. Fès-Meknès subit une contraction de 1,9 % de son PIB, reflet de difficultés structurelles persistantes malgré les tentatives de relance par la culture et l’artisanat. Béni Mellal-Khénifra, avec un repli de 4,7 %, pâtit du retard en matière d’infrastructures et de la fragilité de son agriculture.

Dans le sud-est, Drâa-Tafilalet reste l’une des régions les moins contributives au PIB national, malgré une croissance modérée ces dernières années. Son riche potentiel touristique, notamment saharien et culturel, demeure largement sous-exploité en raison du manque d’infrastructures de transport, d’hébergement et de promotion ciblée du territoire.

Les provinces du Sud affichent des performances contrastées. Guelmim-Oued Noun tire son PIB par habitant vers le haut grâce aux services, tandis que Laâyoune-Sakia El Hamra profite d’investissements dans les phosphates et les énergies renouvelables, sans parvenir à assurer une réelle diversification. À Dakhla-Oued Ed-Dahab, la combinaison d’investissements portuaires, de pêche et de tourisme durable génère le PIB par habitant le plus élevé du pays.

Enfin, la région de l’Oriental, bien qu’elle participe à hauteur de 5,1 % au PIB national, reste confrontée à des difficultés majeures : chômage, pauvreté et faiblesse des services de base. Le tissu économique y est concentré dans l’axe Oujda–Nador, représentant plus de la moitié des 85 000  établissements actifs de la région. Le reste du territoire, notamment Figuig et Jerada, demeure marginalisé.

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