Economie

Dérives d’un modèle solidaire en crise

Initialement conçues pour offrir aux fonctionnaires à faibles revenus un accès facilité au logement, les Amicales se trouvent désormais éclaboussées par des scandales de gestion. Pratiques abusives, favoritisme dans l’attribution des lots, spéculations immobilières : les dérives s’accumulent et trahissent les principes de solidarité qui fondaient leur raison d’être.

Ce qui devait être un modèle de solidarité entre agents s’est mué en une profonde crise de confiance. Derrière les belles promesses d’un logement accessible pour les fonctionnaires aux revenus modestes, les Amicales ont glissé au fil des années dans des pratiques troubles et des dérives alarmantes.

Longtemps soutenues par l’État à travers l’octroi de terrains publics à des prix symboliques, ces structures avaient pourtant pour mission d’offrir une réponse concrète à la précarité résidentielle de milliers de fonctionnaires. Mais la réalité actuelle montre une gestion détournée de leurs principes fondateurs, avec à la clé un système devenu opaque, sélectif et parfois même spéculatif.

Selon les révélations des médias, plusieurs Amicales auraient dévié de leur vocation solidaire pour devenir des instruments de spéculation et de favoritisme. Des bénéficiaires non affiliés à la fonction publique auraient été inscrits dans certains projets, tandis que des membres influents au sein des bureaux dirigeants auraient profité de leur position pour faire bénéficier leurs proches, leur permettant d’acquérir plusieurs lots, revendus par la suite avec des marges importantes. Ce qui devait être un levier d’entraide est ainsi devenu, dans certains cas, un terrain fertile pour les intérêts personnels.

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Selon les mêmes sources, les fonctionnaires les plus modestes, pourtant ciblés par ces projets, se retrouvent souvent exclus. Certaines Amicales auraient instauré des critères d’adhésion restrictifs, voire des conditions de paiement dissuasives, freinant l’accès au logement pour ceux qui en avaient le plus besoin. Cette gestion discriminatoire a non seulement creusé les inégalités au sein même de la fonction publique, mais aussi permis aux dirigeants de dégager un surplus de lots. Ces derniers auraient ensuite été revendus sur le marché, en toute logique spéculative, trahissant ainsi l’essence même de l’initiative.

Par ailleurs, la gestion interne de ces structures pose également question. Des partenariats flous avec des promoteurs immobiliers auraient été établis sans passer par les procédures des appels d’offres légales. Ces arrangements, parfois qualifiés de « douteux » par certains médias, ont ouvert la voie à des intermédiations frauduleuses, écartant la concurrence loyale et alimentant un système où la transparence fait cruellement défaut.

Ce qui choque davantage, c’est le silence prolongé des autorités locales. Malgré les nombreuses irrégularités apparentes, les instances préfectorales et provinciales ne seraient pas intervenues pendant plusieurs années, laissant ces dysfonctionnements s’installer. Il aura fallu l’annonce récente d’un contrôle approfondi pour entrevoir un retour à l’ordre.

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