Economie

Faillite de 60 agences Canal M sur fond d’accusations de fraude

Le secteur des transferts d’argent fait face à une crise sans précédent au Maroc, marquée par la défaillance de plus de 60 agences opérant sous l’enseigne Canal M, affiliées à MEA Finance. Entre soupçons de malversations, disparition du directeur général et absence de réaction des autorités, les franchisés se disent abandonnés, alors que les pertes cumulées dépasseraient les 30 millions de dirhams.

Un scandale financier d’envergure secoue actuellement le secteur stratégique des transferts d’argent au Maroc. La société MEA Finance, opérateur agréé par Bank Al-Maghrib et active à travers plus de 60 agences franchisées sous la marque Canal M, est accusée de graves manquements contractuels. Selon les médias, ces agences, réparties dans plusieurs villes du Royaume, se retrouvent dans une situation de blocage économique et juridique qui qui met en péril leur existence.

Ce réseau, constitué pour l’essentiel de jeunes entrepreneurs marocains, dont de nombreux membres de la diaspora ou bénéficiaires de programmes publics de soutien à l’auto-emploi, accuse la direction centrale de MEA Finance de ne plus reverser les fonds issus des opérations de transfert effectuées par les agences franchisées depuis plus d’un an. Ce blocage financier prolongé a conduit à une cascade de conséquences, notamment loyers impayés, dettes bancaires, menaces d’expulsion et convocation devant les tribunaux.

Le facteur déclencheur de cette crise a été la fuite à l’étranger du directeur général de MEA Finance, laissant les franchisés sans interlocuteur, sans explication et sans solution. Aucune tentative de médiation ou de règlement à l’amiable n’a pu aboutir. Ce départ inattendu a gelé toute perspective de dialogue, transformant un différend commercial en une crise nationale.

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Malgré des contrats signés, des engagements clairs et des obligations réglementaires, les franchisés se disent trahis par la maison-mère. Ils dénoncent des promesses non tenues, des déclarations mensongères et une stratégie de blocage systématique. Cette situation a non seulement paralysé leurs activités, mais a également plongé des dizaines de familles dans la précarité.

Face à cette impasse, plus de 40 franchisés ont déposé des plaintes collectives devant le tribunal correctionnel de Casablanca. Les chefs d’accusation portent sur l’escroquerie, l’abus de confiance, le manquement aux obligations contractuelles et les fausses déclarations dans un but d’extorsion. En parallèle, plusieurs sit-in ont été organisés devant le siège de MEA Finance à Casablanca, ainsi qu’au Parlement, pour interpeller les autorités et obtenir un soutien institutionnel.

Selon les mêmes sources, les pertes financières directes sont estimées à plus de 30 millions de dirhams, selon les premiers bilans établis par les franchisés. Mais au-delà de ces montants, c’est toute une dynamique entrepreneuriale qui est en train de s’effondrer. Certains franchisés avaient investi leurs économies, contracté des prêts, ou mobilisé leurs familles pour lancer leur agence. Aujourd’hui, ils se retrouvent non seulement ruinés, mais également discrédités socialement et moralement.

À ce jour, ni Bank Al-Maghrib ni le ministère de tutelle n’a émis de communication officielle ou pris de mesures concrètes pour répondre à la gravité de la situation.

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