Economie

Une embellie relative dans un contexte toujours morose

Malgré une amélioration notable de l’indice de confiance au deuxième trimestre 2025, les perceptions des ménages restent marquées par la défiance à l’égard de leur pouvoir d’achat, de l’emploi et de la capacité à épargner. Cette dynamique fragile appelle une lecture nuancée des signaux conjoncturels.

L’indice de confiance des ménages (ICM), calculé par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), s’est établi à 54,6 points au deuxième trimestre 2025, marquant une progression significative par rapport aux 46,6 points relevés au trimestre précédent et aux 46,1 points de l’année précédente à la même période. Il s’agit de son niveau le plus élevé depuis fin 2021. Ce rebond, encore modéré au regard des niveaux atteints avant la pandémie, reflète toutefois une amélioration de plusieurs composantes clefs de la perception des ménages.

Cette dynamique favorable reste néanmoins ambivalente : l’amélioration de l’indicateur global s’explique davantage par un moindre pessimisme que par un optimisme affirmé. Ainsi, si le solde d’opinion relatif à l’évolution future du niveau de vie s’est redressé à -35,2 points (contre -46,3 au trimestre précédent), 45 % des ménages continuent d’anticiper une dégradation de leurs conditions de vie, et seuls 9,7 % entrevoient une amélioration.

Autre signe d’un retournement partiel, les attentes en matière de chômage s’orientent vers un pessimisme moins prononcé. Le solde d’opinion concernant l’évolution du nombre de chômeurs s’est établi à -57,5 points, en amélioration notable par rapport aux -73,4 points du trimestre précédent. Il n’en reste pas moins que près de 72 % des ménages s’attendent à une augmentation du chômage au cours des 12 prochains mois, traduisant une inquiétude toujours prégnante face à la précarisation de l’emploi, en particulier dans les zones urbaines à forte densité.

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La perception de la situation financière personnelle évolue également à la marge. Le solde d’opinion sur la situation actuelle est passé de -39,8 à -38,8 points, tandis que les perspectives à 12 mois s’améliorent de -16,4 à -8,5 points. Toutefois, plus de 40 % des ménages affirment encore être contraints de s’endetter ou de puiser dans leur épargne pour boucler leurs fins de mois. Seuls 1,8 % parviennent à épargner une partie de leurs revenus.

Cette fragilité se traduit par une réticence persistante à la consommation. L’opportunité d’achat de biens durables reste perçue comme défavorable par 72,7 % des ménages, malgré une légère amélioration du solde d’opinion (-62,8 points contre -72,0 au trimestre précédent). Cette tendance confirme la prudence des comportements de consommation dans un contexte d’incertitude économique persistante.

Épargne et inflation : des signaux toujours défavorables

La capacité à épargner demeure l’un des indicateurs les plus négatifs. Seulement 8,7 % des ménages anticipent pouvoir mettre de côté dans les 12 mois à venir, contre 91,3 % qui en doutent. Le solde d’opinion s’effondre à -82,6 points, en recul par rapport au trimestre précédent (-77,6 points), traduisant une pression budgétaire croissante dans un contexte d’inflation alimentaire toujours élevée.

Sur ce front, les perceptions restent sans appel. Près de 94 % des ménages ont observé une hausse des prix des produits alimentaires sur les 12 derniers mois. Même si le solde d’opinion s’améliore légèrement à -92,5 points (contre -97,4 précédemment), la perception demeure extrêmement négative. Et pour l’avenir, 79 % s’attendent à une poursuite de la hausse des prix, accentuant la crainte d’une érosion prolongée du pouvoir d’achat.

Si l’indice global de confiance affiche une reprise encourageante, les composantes qui le sous-tendent invitent à la prudence. L’amélioration tient avant tout à un recul du pessimisme, non à une franche reconquête de la confiance. L’impact encore tangible de l’inflation, la faiblesse de la demande intérieure, et les incertitudes sur l’emploi continuent de peser lourdement sur les anticipations des ménages.

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