Le Maroc consolide sa place dans l’architecture industrielle du groupe
Le directeur de l’industrie de Renault, Thierry Charvet, a rappelé le rôle central des sites marocains dans la stratégie industrielle du constructeur. Aux côtés des usines espagnoles de Valladolid et Palencia, le dispositif de production au Maroc, fort de ses performances logistiques et de sa compétitivité, participe à une configuration euro-méditerranéenne intégrée. Une géographie industrielle bicéphale que Renault entend optimiser dans un contexte d’électrification et de recomposition des chaînes de valeur.
Lors d’une rencontre récente avec la presse, Thierry Charvet, directeur de l’industrie du groupe Renault, a mis en lumière le rôle stratégique des sites industriels implantés au Maroc, en complémentarité avec ceux de la péninsule Ibérique. Si l’excellence technologique des usines espagnoles a été saluée – en particulier leur capacité à innover dans l’électrification automobile –, l’apport des unités marocaines a été qualifié de « déterminant » dans la construction du maillage productif du groupe.
« Le Twingo électrique est désormais la référence autour de laquelle s’organise le développement des futurs modèles du groupe », a souligné M. Charvet, en insistant sur la « productivité remarquable » et la « vivacité technologique » des sites de Valladolid et Palencia. Cependant, a-t-il nuancé, « cet élan ibérique ne saurait faire abstraction de l’ancrage africain du groupe », insistant sur le fait que les usines marocaines forment, avec leurs voisines espagnoles, une synergie régionale cohérente.
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Au-delà de sa proximité géographique avec l’Europe, le Maroc tire son avantage d’un tissu industriel dense, compétitif et interconnecté. Selon Thierry Charvet, « la présence de fournisseurs bien établis au Maroc constitue une véritable ressource pour nos installations espagnoles ». Les flux industriels entre le nord du Royaume et le nord de l’Espagne permettent, selon lui, une coordination fluide, propice à une montée en gamme progressive des sites des deux rives.
Les chiffres viennent confirmer ce positionnement. En 2023, les deux unités marocaines de Renault – à Tanger et à Casablanca – ont produit 413 614 véhicules, dont 312 381 à Tanger et 101 233 à Casablanca, selon les données internes du groupe. Plus de 90 % de cette production est destinée à l’export, alimentant un réseau de distribution couvrant 89 pays. Le site de Tanger, en particulier, s’impose comme l’un des plus performants du groupe, avec un modèle opérationnel centré sur l’efficacité énergétique et l’optimisation des coûts.
Une dépendance productive maîtrisée et assumée
Cette intégration industrielle sud-nord ne se fait pas au détriment des implantations européennes, selon M. Charvet, mais dans une logique de spécialisation complémentaire. « Le Maroc nous confère une souplesse logistique et une compétitivité tarifaire dont bénéficient aussi nos sites européens », a-t-il affirmé, tout en rappelant que l’avenir du tissu industriel ibérique reste étroitement lié à sa capacité à maintenir des standards élevés d’innovation et de dialogue social.
L’accord social actuellement en vigueur dans les usines espagnoles doit arriver à échéance en 2025. D’ici le 30 septembre, cet accord pourrait être dénoncé pour laisser place à un nouveau cycle de négociations dès le mois d’octobre. Pour Thierry Charvet, l’issue de ce processus sera déterminante pour inscrire les implantations espagnoles dans le prochain plan industriel du groupe : « Il est essentiel de parvenir à un compromis solide avec les représentants des salariés, pour assurer la stabilité et la visibilité des projets à venir ».